6.5.08

7e dimanche de Pâques

Ac 1,12-14 ; 1P 4, 13-16 ;
L’évangile d’aujourd’hui pose le problème du sens de Dieu dans notre vie qui consiste dans l’accueil ou le refus de Jésus. Jean écrit au moment où cette menace du monde se fait réalité. Il suffit de lire l’Apocalypse pour comprendre l’explication qu’il en donne et les encouragements qu’il procure aux élus, appelés à témoigner à travers le martyre : signe de la gloire du disciple, appelé à être glorifié comme le Maître. Le signe de la présence de Dieu se manifeste à travers l’unité des croyants. Ce que les exégètes ont appelé la prière sacerdotale de Jésus évoque trois points suivants : l’élection, la consécration et la gloire.
1. L’élection
La gloire appartient aux élus. Le baptême signifie que j’ai été élu. Le fait que nous ayons été baptisés, est le signe de l’élection par Dieu. Dans ces années de tumultes, un temps comme celui du 21ème siècle, au milieu d'un monde où il y a des multitudes de non-baptisés, moi, j'ai eu la vocation d'avoir une vie de baptisé. C'est une élection. Il nous a choisi pour une mission à accomplir ainsi pour les autres au milieu de ce monde. "Je ne demande pas de les enlever"… Il nous a arrachés à cette cohésion du mal, mais il nous demande de vivre au milieu de ces hommes et de cette société perverse. Pas tirés hors du monde, mais à l'intérieur de ce monde de haine, pour témoigner de l'amour face à cette haine. Et pour être les témoins de Dieu.
2. La consécration
Vous êtes consacrés de part votre baptême. Les gens vous éjectent de la société, parce que vous ne leur plaisez pas ! Parce que vous êtes chrétiens ! Tout ceci exerce un chantage. Et ça représente une tentation. C'est pour ça, que c'est capital pour nous de savoir que le Christ se consacre lui-même et prie le Père pour que le Père nous garde ainsi du mauvais. Sinon, cette tentation du monde et ces chantages du monde, ça peut parfaitement être plus fort que la volonté humaine, faire céder, nous sommes faibles. Les séductions du monde sont systématiques, constantes. A nous est révélé à quel point le Père lui-même ainsi veille sur nous, et le Fils prie et se consacre, s'offre, pour nous sauver ainsi de cette puissance du mal qui pénètre partout.
3. La gloire
Les textes des Saintes Ecritures mettent en contraste la souffrance et la gloire. C’est ce qu’on appelle les antinomies de la vie spirituelle. Comment la gloire peut-elle se manifester à travers la souffrance ? Nous connaissons nos gloires terrestres qui sont la manifestation de la valeur profonde d’un être. La gloire pour un athlète ce sont les médailles qu’il remporte. C’est le renom : De Jésus on dit qu’il manifesta sa gloire à Cana. Mais le soir de la cène, il dit à Judas : ce que tu veux faire fais-le vite. Et quand ce dernier sort, il dit maintenant le Fils de l’homme est glorifié. Et nous nous savons que c’est sa souffrance qui commençait. De la croix, il dit, il sera élevé de terre. Comment le gibet peut-il devenir un lieu de glorification ? Et pourtant, c’est de là que vient la glorification du Christ.
Enfin, la prière sacerdotale consiste surtout dans la grâce que Dieu le Père est appelé à accorder aux disciples. La grâce de l’unité sur le plan intérieur. L’unité n’est pas l’uniformité. L’uniformité est une question de l’apparence, mais l’unité est une question du cœur. C’est le fait qu’ 1+1+1 fassent 1 dans la trinité ; qu’1+1 donnent 1 dans le mariage ; Qu’1 compté 12 fois ou 72 fassent 1. Les facteurs qui concourent à la construction de l’unité sont tous impossibles s’il faut simplement se baser sur nos propres efforts : le pardon, la tolérance, la mise en commun de ce qu’on a, ce qu’on est et ce qu’on fait, l’amour…
Chaque expression de Jésus est lourde de portée : Ton Nom : J’ai rendu manifeste ton nom ; Je le gardais en ton nom ; garde-les en ton Nom : afin qu’ils soient un comme nous. Ta Parole : je leur ai donné ta Parole. A cause de ta parole, le monde les a pris en haine. Délivre-les du Mauvais. Ne les retire pas du monde. Aussi ceux qui croiront en moi grâce à leur parole. Notre intercession en ce jour doit être pour l’unité et la persévérance des chrétiens. La lettre de Pierre nous rappelé les conditions difficiles de tout témoignage chrétien, mais elle souligne aussi l'Esprit qui repose alors sur nous. Que cet Esprit nous épargne de céder au détournement de la foi, tant plébiscité par le monde aujourd’hui. Savoir dire du bien des autres. Dans la prière de Jésus les disciples apparaissent tous parfaits, et pourtant nous savons leurs déboires, leurs doutes et leurs hésitations. Par la bouche de Jésus la gloire est partagé entre tous : le père glorifie le Fils, le fils glorifie le Père, les disciples reçoivent en partage la gloire du Fils… sachons dire et reconnaître le bien qu’il y a dans les autres pour la gloire du Père et le salut du monde.

Ascension du Seigneur

Ac 1,1-11 ; Eph 1,17-23 ; Mt 28,16-20

Chacun de nous, disciple du Christ est ami de Dieu (Theos philos) : Cher Théophile à qui Luc adresse son Evangile et les Actes des Apôtres.
Si la résurrection du Christ préfigure celle du disciple, l’ascension du Christ préfigure aussi celle du disciple. Le rendez-vous de Galilée est donné à chaque disciple du Christ. Et le Christ nous rassure de sa présence permanente à nos côtés. Dieu avec nous (Emmanuel, Lc 1,23), Je serai avec vous (Mt 28,20) : Tout au long de sa vie, Le christ s’est identifié comme « Jésus » c’est-à-dire Dieu sauve : guérissant les malades, ressuscitant les morts,… c’est à la fin de sa vie qu’il s’identifie lui-même comme l’Emmanuel : Dieu avec nous.
Le Rendez-vous de Galilée a une finalité qui est celle de la mission que le Christ confie à ses apôtres. La mission universelle ne partira pas de Jérusalem (lieu pourtant profondément spirituel), mais de Galilée, carrefour des païens. Tout est fait pour éloigner les disciples de Jérusalem : la persécution d’Etienne… le rendez-vous en Galilée… Quel est mon Galilée où le Seigneur me donne rendez-vous. L’ai-je déjà rencontré ? Quelle mission m’a-t-il confiée ? et Comment je m’en acquitte ?

L’ascension marque un temps nouveau dans l’histoire du salut : c’est le temps l’Église. Un mode de présence autre que celle purement physique du Seigneur. Par sa résurrection, il a été fait Seigneur : plus de conditionnement dans le temps ou dans l’espace. Par son ascension, il est plus présent par son Esprit, mais aussi par chacun de ceux à qui il est venu redonner l’image du Père. Le temps de l’Église c’est notre temps. Jésus choisit un nouveau mode de présence : par l’Esprit et par chacun de nous. Il nous confie une mission. Allez, baptisez, apprenez-leur mes commandements.

La mission consiste dans l’annonce de la Parole (le kérygme) et les commandements : apprenez-leur à garder mes commandements ; dans les sacrements : baptisez-les …
Tout repose sur la foi en ce que l’Église accomplit en son nom et la foi en la densité trinitaire : au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Remarquez bien avec quelle insistance le Seigneur souligne la totalité de ses recommandations : Tout pouvoir, toutes les nations, tous les commandements, tous les jours. Chacun de nous est aujourd’hui, l’invité de Jésus en Galilée, ne restons pas là à fixer le ciel, allons et que chacun de nous se demande comment reste-t-il fidèle au Christ.
Notre prière en ce jour que nous sachions retrouver dans ces paroles le souffle d'espérance qui a porté la foi chrétienne jusqu'à nous et le sens des responsabilités qui nous ouvre à l’avenir. Pour toutes les zones en conflit, quelque soit leur situation de foi, donne-leur seigneur d’écouter la voie de la conscience (intérieure) c’est que tu parles à chacun de nous. Nous te rendons grâce pour la sainteté de l’Église que tu as pourtant confiée à des hommes, pécheurs, que nous sommes. Sa pérennité dans le temps, sa présence dans le monde entier, malgré les vicissitudes et les aléas de l’histoire, sont pour nous un signe de ta présence inamovible.

5.5.08

6e dimanche de Pâques

Ac 8,5-8.14-17 ; 1P 3,15-18 ; Jn 14,15-21
1. Le Paraclet – Défenseur.
« Moi, Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet afin qu'il soit avec vous pour toujours: l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas. » Nous retrouvons le paraclet dont Mt nous parle dans la 2e béatitude comme celui qui console. « Heureux ceux qui pleurent, car, eux, ils seront consolés » (Mt 5, 5). La consolation est ce qui recrée l’espérance, avec certitude, lorsque nous sommes dans la détresse. Lorsque nous sommes en difficulté, le simple fait de savoir que quelqu’un vient à notre secours, nous réjouit déjà. C’est cela la joie de l’espérance. Le mot consolation donne le mot « consolateur », qui se dit en grec : « paraclet ». Dans la pensée juive, le paraclet est le Messie (celui qui doit venir). Il vient apporter la consolation à d’Israël. Jésus va s’installer à Capharnaüm dont le nom signifie « village de la consolation ». Car il vient apporter la consolation à la détresse humaine. Malgré le futur, cette consolation est pour maintenant car Jésus se donne maintenant. Mais ce futur est aussi le futur immédiat, celui de notre vie. Le futur commence dans notre vie présente pour se terminer dans l’éternité.
Mais pourquoi cette promesse d’un autre consolateur ? L’absence apparente de Jésus sera difficile à vivre. Il va choisir un autre mode de présence (voir l’homélie de l’Ascension) qui nous sera difficile à reconnaître. Mais l’Esprit a aussi besoin qu’on le prie pour le recevoir, quand bien-même c’est lui qui nous inspire la prière. «C’est l’Esprit qui nous fait dire Abba, Père ».
Le "Paraclet": tel que Jésus l’emploie ici recouvre toute sa portée juridique de "Défenseur". Il désigne celui qui est "appelé à côté de", jouant un rôle actif d'assistant, de défenseur. Les disciples vont être accusés à faux. Ils n’ont pas à se soucier, car l’avocat dira ce qu’il faut pour leur justification. Une autre expression pleine de sens est l’orphelin : « je ne vous laisse pas « orphelin ». Jésus sais ceux qui se retrouve dans cette catégorie ont plus que d’autres, besoin de tuteurs, de protecteurs. Dans les sociétés organisées où le danger est imminents pour les orphelins non encore en mesure de se prendre en charge, ils sont sous la protection de la communauté (la grande famille, l’État ou autre). A certains, il leur est commis un tuteur d’office. Ceci peut nous aider à prendre conscience de la préoccupation de Jésus cette longue soirée de la veille de sa passion et sa mort.
Oui, consolation par la résurrection, mais aussi consolation par l’Esprit Saint : Jésus est le paraclet, le consolateur par excellence. « Courage », « n’ayez pas peur » sont des paraclèses = la fonction du paraclet. Mais Jésus enverra un autre paraclet : « Je ne vous laisse pas orphelins, je vous enverrai un deuxième paraclet, l’esprit de vérité » (Jn 14,16-17).
2. L'observance des Commandements comme preuve d'amour
La promesse du Défenseur est un acte d’amour que Jésus pose pour ceux qu’il aime. Il attend d’eux, donc de nous cet amour en retour. Amour que nous ne pouvons lui manifester que par l’observance de ces commandements. « Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements. Moi, Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet afin qu'il soit avec vous pour toujours ». Notre siècle est très allergique aux commandements. Comme si les droits de l’homme tant revendiqués, n’avaient pas besoin des lois. Et pourtant, comment vais-je manifester mon amour pour ma nation si je n’obéis pas à ses lois, l’amour pour ma famille religieuse si je n’accepte pas ses constitutions ? Pour le mariage si je refuse de reconnaître ce qui le fonde ? Etc. c’est cette assimilation de ce qui fonde notre institution qui fera que nous répondions à l’invitation que nous adresse Pierre en ce jour. En effet, la foi n’est pas le fait de croire simplement parce qu’on manque quoi dire. Ce n’était pas dans l’entendement de Pierre comme nous le lisons dans la deuxième lecture de ce jour : «vous devez être toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect ». Notre prière en ce jour est que L’Esprit Saint nous aide dans la justification de notre foi (même à travers le martyre qui est le témoignage par excellence), et qu’il nous rende docile à l’accomplissement des commandements du Seigneur, preuve de notre amour pour lui.

23.4.08

5e Dimanche de Pâques

5e dimanche de Pâques Année A
Ac 6, 1-7 ; 1P 2, 4-9 ; Jn 14,1-12

1. L’angoisse : lieu d’obstacle à la foi
2. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » est à lire à la suite de « Je suis la porte »
3. La primauté de la Parole : savoir faire l’échelle de priorités.


1.
L’angoisse : lieu d’obstacle à la foi
Les lectures de ce dimanche nous proposent une série de réponses à certaines de nos questions ou aux questions qui se posent dans nos communautés (comme à la communauté primitive).
Les propos entretenus pendant la longue soirée de la cène que Jean nous rapporte en 4 chapitres (du chapitre 13 au chapitre 17) ne pouvait pas laisser les apôtres indifférents. Il commence, en effet, par une introduction qui fait poser des questions et provoque une inquiétude auprès dans le chef des apôtres. « C’est pour peu de temps que je suis encore avec vous »… « Là où je vais vous ne pouvez pas venir pour l’instant »… « Pierre, tu me suivras plus tard »… « D’ailleurs vous connaissez le chemin »… Et Thomas de lui dire : « nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrons savoir le chemin ». Et puisqu’il fait allusion au Père, Philippe en profite : « Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit ». Ces questions n’ont rien d’un esprit obtus. Les deux font valoir des questions que nous serions nous aussi amenés à nous poser. Ne soyez pas troublés leur dit Jésus. Oui, l’angoisse est ce qui nous éloigne de la foi. Qui obstrue la foi. Et seul l’Esprit peut nous aider à nous en sortir. Tout n’est pas perdu dans l’angoisse. Sauf qu’elle risque de nous mettre dans une prédisposition qui ne nous permettra pas de mener à bien le discernement pour découvrir quelle est la volonté de Dieu dans la situation présente. Comme Marie à l’annonciation : « en entendant cette formule de salutation, elle fut bouleversée ». L’ange lui dit : « sois sans crainte, Marie ». Le Seigneur prononce pour nous la même formule quand nous nous trouvons devant une situation qui risque de nous faire faire une interprétation erronée et nous faire tomber dans le doute et l’incroyance.
2. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » est à lire à la suite de « Je suis la porte »
Cette réponse que Jésus donne à Thomas se situe dans la suite de l’Evangile du bon Pasteur que nous avions lu le dimanche passé (Jn 10, 1-10). Certes, Jésus ne les a pas prononcés de façon suivie, mais nous retrouvons l’explication de la réponse faite à Thomas : « je suis le chemin, la vérité, la vie » dans « je suis la porte ». Le chemin et la porte reviennent au même. C’est par un chemin qu’on va vers la porte, le passage. Puisqu’il est question de la clôture, c’est qu’il ya un passage par le seul chemin qui donne à la porte. N’allez pas chercher d’autres chemins, n’allez pas chercher d’autres portes. Le problème de notre société c’est que tout le monde est en quête de chemin, en quête de la vérité, mais quel chemin ? Quelle vérité ? Nous nous cramponnons chacun derrière sa vérité et nous ne sommes pas ouverts à l’écoute.
Jésus est la vie à travers les sacrements. Il est la Vérité à travers sa Parole. Il est le chemin, car il fait route, il chemine avec chacun de nous dans sa vie de foi, comme autrefois avec les disciples d’Emmaüs.
C’est parce que chacun détient sa part de vérité que nous sommes parfois divisés entre croyants. Il faut un minimum d’esprit ouvert pour reconnaître Jésus – Vérité. Pilate n’avait pas recevoir de réponse à sa question, de la part de Jésus : « Est qu’est-ce que la Vérité ? ». Aujourd’hui, nous apprenons qu’il nous faut demander « qui est la Vérité ?». Même quand nous n’adhérons pas à cette vérité, cessons de faire obstacle à la vie de ceux qui y croient. C’est entre autre, le message que Benoît XVI venait de transmettre au monde du haut de la tribune des Nations Unis : « les droits de l’homme ne vont pas à l’encontre du droit à la liberté religieuse, surtout quand elle concerne la minorité ».
3. La primauté de la Parole : savoir faire l’échelle de priorités.
La parole dont il est question n’est pas à mettre au même niveau que les autres choses éphémères comme la nourriture. C’est ce que nous pouvons lire dans la première lecture. « Les frères de langue grecque récriminaient contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que dans le secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées. » La langue est le premier facteur de la culture. La culture est un élément d’identification. Il suffit de savoir que celui qui est face de moi ne parle pas la même langue que moi pour qu’une distance commence à se créer. Au départ cette attitude est certainement liée à la difficulté de compréhension. On le tient déjà comme étranger. Tandis que parler la même langue rapproche. On se sent plus frères. Un deuxième facteur souligné dans cette lecture est celui des « veuves ». Les veuves font parties des classes sociales défavorisées. Nous savons qu’elles peuvent être de différentes catégories, mais leur point commun c’est qu’elles vivent dans un manque que la foi en Dieu seul (pour les croyants) est appelée à combler. Depuis l’Ancien Testament, on nous dit que la communauté prenait soin d’elles. Quand nous entendons parler de communauté de biens, séparation de biens comme régime matrimonial, c’est cette question de la vie après la séparation qui est visée (après un décès ou en cas de séparation du couple). Dans certaines cultures, à la mort du mari, toute la famille du mari s’accapare de tous les biens et laisse la veuve les mains bredouilles. Les gens ne vivent pas, partout la notion de droits de l’homme (ou de la femme en particulier) comme c’est le cas aujourd’hui, en occident. Ceci doit nous aider à comprendre cette revendication des veuves et leur prise en charge par la communauté.
Les apôtres vont résoudre la question par ordre de priorité. « Nous n’allons pas délaisser le service de la Parole ». « Trouvez 7 d’entre vous à qui nous allons confier ce service de la table ». Nous avons ici aussi deux réponses à tirer : la 1ère est l’élection. L’élection existe depuis le début de l’Eglise comme mode de désignation de ceux qui sont appelés par Dieu à un ministère ecclésial, à quelque niveau que ce soit. Nous avons déjà l’exemple avec l’élection de Mathias. Chez Mathias, un fait important est celui du choix de Dieu qui se manifeste par le tirage au sort. Là où les hommes sont limités, on laisse Dieu parler. (C’est ainsi qu’il faut aussi voir le tirage au sort de la tunique de Jésus). Aujourd’hui encore Dieu continue son élection qui passe par des moyens différents, comme il en a été le cas tout au long de l’histoire de l’Eglise. La 2e considération est la place des critères dans cette élection. « Hommes estimés de tous, remplis de l’Esprit Saint, pleins de sagesse ». Il n’y a pas d’élection sans critères. Jésus, Lui aussi, avait ses critères connus de lui seul dans le choix des disciples et des apôtres. A certains qui voulaient le suivre, il disait va plutôt témoigner chez toi, ce sera un signe pour les tiens – et à d’autres, il disait, viens suis-moi. L’Eglise a toujours connu des critères dans le choix de ses ministres ou de toute autre vocation. Même la vocation au mariage a ses critères. Il y aura toujours de critères dans le choix de ministres destinés au sacerdoce malgré le manque de vocation. On ne va pas ramasser n’importe comment, parce qu’il manque de prêtre.
En ce dimanche, nous prions pour que l’angoisse ne nous trouble pas et ne nous ferme pas dans la lecture positive des événements, parfois déconcertants, que nous vivions au quotidien. Et que nous sachions découvrir le Christ qui se donne à nous pour être notre chemin, Lui la seule vérité qui nous donne la vie.

13.4.08

4e Dimanche de Pâques

Ac 2, 14a.36-41 ; 1P 2, 20b-25 ; Jn 10, 1-10
Jésus le Bon Pasteur – Jésus la porte du bercail.

Frères que devons-nous faire (L1)? La première lecture nous implique dans les crucifixions d’aujourd’hui, dans le monde. La conversion n’est pas une question d’une fois pour toute : nous sommes baptisés = nous sommes convertis, c'est tout ! La conversion c’est chaque jour de notre vie. C’est quand nous tournons notre regard vers le Seigneur. Quand nous sommes prêts à soumettre notre vie à son contrôle et attendre ce qu’il nous en dit. Lui le Bon Berger, Lui Notre Seigneur (L2).

De l’Evangile de Saint Jean, Jésus nous dit :
Le pasteur c’est Lui ;
La porte c’est aussi Jésus
Comment concilier les deux images ?
Nous devons avoir en esprit les circonstances qui ont fait tenir ce discours à Jésus. Le chapitre 10 de Saint Jean suit la guérison de l’aveugle-né (ch.9) que les pharisiens ont bouté dehors. Ce jeune homme était maintenu sous le poids de la loi. Et ce chapitre 9 vient après celui où Jésus dit "la vérité vous rendra libre" (Jn 8), et ici, il est question de cette liberté pour les brebis qui vont entrer et sortir paître librement.
Dans un premier temps Jésus se présente comme le bon berger. « Je suis le Bon Berger ». Il est connu du portier qui lui ouvre. Le portier c’est le Père. Jésus se soumet au contrôle du Père. Il ne fait rien qu’il n’apprend du Père. De là découlent les trois critères qui peuvent nous aider à reconnaître, de tous les temps, le bon berger. C’est Jésus Lui-même qui nous les donne :
1. Le contrôle : S’évaluer par rapport à la volonté du Père. Se soumettre à son contrôle. « Non pas ma volonté, mais la tienne ». Jésus ne fait rien qui ne plaise au Père. Le pasteur doit se soumettre continuellement au contrôle de la Parole de Dieu. Comment la vit-il lui-même avant de la transmettre aux autres ?
2. La croix : « je donne ma vie pour mes brebis ». Un pasteur qui ne sait pas prendre lui-même sa croix, n’est pas digne de se voir confier les brebis. Ici c’est Jésus qui devient le critère pour nos pasteurs d’aujourd’hui. C’est le « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu » ? que nous avons au ch. 21 de Saint Jean. Se mettre au devant du troupeau, c’est donner l’exemple à suivre.
3. Le pastorat : savoir assumer sa charge pastorale. « j’ai des brebis qui ne sont pas de cet enclos, il faut que j’aille les chercher, celles-là aussi », dit le Seigneur. La pastorale ne doit pas se limiter aux quatre murs de la chapelle. Ceux-là sont mes fidèles… Le curé n’a pas de fidèles, ce sont les fidèles du Christ. La preuve en est qu’il ne peut jamais présenter une liste et dire j’ai autant de fidèles. Le Christ lui, les connaît chacun par son nom, d'où qu'il vienne, où qu'il soit. Osez demander à un curé les noms de ses paroissiens... Il va se rappeler de 10, 15 et peut-être 20 tout au plus. Il est pourtant appelé à les connaître.
Le pastorat, c’est le risque à prendre en avançant au large pour jeter le filet comme le demande le Seigneur à ses disciples. Là où notre propre vie est en danger. Les pêcheurs savent que les poissons on les prend au bord du lac ou de la mer, là où, ils viennent se nourrir, où ils viennent poser leurs oeufs. Mais les chercher en eau profonde, non seulement il ya un risque de chavirer, mais aussi, il y a peu de chance de les avoir. Et pourtant c’est là que le Seigneur nous envoie. Chez ceux que nous considérons comme les plus païens de tous : les prostitués, les drogués,… C’est dire que ce n’est pas par l’effort du pêcheur que le poissons se prennent, mais par la seule grâce du maître.

Venons-en à la deuxième image, celle de la porte. Jésus dit : « je suis la porte ».
La porte suppose une clôture, un mur, un enclos. C’est ce qui protégeait Israël. Ne quittons pas des yeux, comme je vous l’ai dit au début, la scène de la guérison de l’aveugle-né. Il s’agit de la Loi. La clôture c’est la Loi. Et Jésus se propose comme le meilleur interprète de la Loi. Les pharisiens cherchent la mort de tous ceux qui ne vivent pas l’observance de la Loi. Ils font peser lourds les fardeaux sur le peuple pendant qu’ils ne sont pas en mesure de le remuer du doigt. Ils escaladent cette Loi (la clôture) par leur mauvaise interprétation. C’est un reproche aux pharisiens qui réduisent le peuple en esclavage. Jésus est lui la porte d’interprétation de la Loi qu’il ne vient pas abolir, mais accomplir. C’est ainsi qu’il parle de faux messies qui sont venus avant lui. Il faut se soumettre au contrôle du Père et donner le vrai sens de ce qu’il veut : «non pas les sacrifices et holocaustes, mais la miséricorde et la vie ». C’est seulement en ce moment que nous comprenons le sens que Jésus donne à « entrer et sortir paître librement ». C’est la vie sous la mouvance de l’Esprit Saint par la foi et non sous la contrainte de la loi ». Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. La foi est la liberté plénière. Qui choisit le Christ vit dans le discernement spirituel et dans la liberté spirituelle. « J’ai encore des brebis qui ne sont pas de cet enclos, celles-là, j’irai aussi les chercher… » : Ceux de la diaspora et les païens, dont Paul aura le privilège de la Mission, « cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois, et des fils d’Israël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom » (Ac 9, 15-16). Voilà, comment le Christ nous résume Lui-même les critères du bon pasteur comme nous venions de le détailler.

Avec «Jésus, la porte », nous retrouvons la parabole des synoptiques dont Jean viens de nous donner l’explication. La parabole de la « porte étroite » (Mt 7, 13 ; Lc 13, 24)). Et nous retrouvons aussi la réponse que Jésus donne à Thomas le soir de la cène et dont nous ferrons la lecture le dimanche prochain : « je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Prions pour le Pape Benoît XVI, pour tous les curés, pour tous les prêtres, pour tous ceux qui ont la charge d’âmes (qui travaillent dans le champs pastoral). Prions pour tous les pères et toutes les mères de familles qui ont aussi à leur charge l’église domestique (selon l’expression de Jean Paul II).
Tout ce que nous venons de dire se résume dans le seul critère de l’amour que le pasteur a à avoir pour son Maître. Amour dont le Christ veut se rassurer, pour nous confier ses brebis comme nous le lisons dans Jn 21, 15-19 : « Simon fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Alors, pais mes brebis ».

6.4.08

3e dimanche de Pâques

Ac 2, 14.22b-33 ; 1P 1,17-21 ; Lc 24, 13-35

Les disciples d’Emmaüs : l’évangile de ce dimanche est bien connu. Nous devons cependant faire attention avec ce genre de texte de peur de passer outre son vrai message. Nous nous efforcerons d’en donner quelques uns.

1. Le plus long jour : Il ne s’agit pas du film américain « The longest day » de 1962 qui évoquait le débarquement des troupes alliées en Normandie, mais du jour de la résurrection. Nous ne nous sommes peut-être pas rendus compte de la longueur de cette journée dont on nous parle tant. Depuis la visite des femmes au tombeau, jusqu’au soir sur le chemin d’Emmaüs, en passant par l’apparition aux dix (puisque Thomas ce jour là était absent). Et d’ailleurs, les disciples d’Emmaüs évoquent bien tous ces moments quand ils rapportent à leur compagnon de route ce qui est arrivé.
2. La recherche du sens de mon existence : je vous propose aujourd’hui, non pas une lecture statique de cet évangile, qui est celle catéchétique, qui s’articule autour des sacrements et de deux tables de la Messe : la table de la parole et la table eucharistique. Mais plutôt une interprétation dynamique centrée sur les questions que nous nous posons aujourd’hui, à commencer par celle de la recherche du sens de notre existence. Les disciples d’Emmaüs sont en quête du sens de leur vie. « Nous qui croyions… ». Combien n’ont pas été déçus d’un mariage sur lequel ils comptaient tant, d’un travail (tout le jour, il y a une entreprise qui ferme, mettons-nous à la place de ces pères et mères de famille), une maladie que nous avions cru curable… Nous voilà sur le chemin d’Emmaüs, tournant le dos à Jérusalem. Dans cette quête du sens, c’est Jésus lui-même qui se fait pourtant notre accompagnateur et veux nous faire croire encore à ce qui pour nous semble être déjà classé.
Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, peu habitué à l’Évangile, Emmaüs évoque l’œuvre de l’Abbé Pierre. Oui, lui aussi a voulu donner un sens à la vie de tous ces nécessiteux.
La foi en la résurrection naît d’une expérience personnelle de la rencontre avec le crucifié.

3. L’ouverture au Ressuscité (Lect. 1). Oui, c’est bien Jésus le Ressuscité qui vient nous faire sortir de notre torpeur. Pour ce faire, soyons désormais attentif que aux signes auxquels nous invite l’évangile de ce jour : le dialogue (notre monde se ferme à tout inconnu – aujourd’hui, les deux compagnons auraient dit à Jésus : de quoi te mêles-tu ? nous ne te connaissons pas. Laisse-nous en paix, nous avons déjà ras-le-bol !) ; l’hospitalité et le partage : partage, question, réponse, interpellation, explication… C’est par le dialogue qu’une lecture attentive de la souffrance se dénoue pour les disciples d’Emmaüs. La tombée de la nuit et l’invitation : « reste avec nous ». C’est Jésus lui-même qui se propose à notre invitation. Le verbe rester est le même que demeurer que nous trouvons chez les deux disciples de Jean qui vont à la suite de Jésus (« ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là » Jn1,39) ; c’est aussi le même que nous trouvons chez Zachée (Lc 19,5). C’est l’être avec de Mc 3,14 (Jésus les choisit pour être avec Lui et pour les envoyer). C’est le « je serai avec vous jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).

Reste avec nous… Jésus fait toujours semblant d’être le plus désintéresse de tout. Et pourtant, il sait bien qu’il n’est pas encore arrivé au bout de la guérison qu’il apporte. Il veut nous faire participer. Quel est cet étranger, qui prend l’initiative de bénir le pain ? la tâche qui revenait au Père de famille ou à l’hôte qui reçoit. Oui, nous ajouterons un couvert à table ce soir, reste avec nous Seigneur Jésus. Nous déroulerons notre canapé et tu trouveras ou dormir. Mais personne ne dormira ce soir là…
4. Invitation au témoignage : On ne peut jamais rencontrer le Christ ressuscité et rester le même ! Tous ceux qui l’ont rencontré se sont mis en route, pour aller porter la nouvelle, La Bonne Nouvelle. Plus de fatigue, plus de sommeil, plus de nuit, il faut refaire le chemin de Jérusalem : l’espérance retrouvée.

5. Nous qui croyions… puisse nos maladies trouver guérison en Jésus – nos doutes trouver la foi – nos questions trouver les réponses… allons et si sur notre route, nous trouvons aussi des frères découragés par les épreuves, faisons comme Jésus, apportons-leur un réconfort, nous sommes aguerris – c’est ce que les disciples d’Emmaüs ont fait pour leurs frères. Et voilà qu’en définitive , c’était mutuel.

2e dimanche de Pâques

Ac 2, 42-47 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31

Nous sommes en quête des éléments de reconnaissance du Christ ressuscité.
1. Nous sommes loin de vivre l’idéal qui nous est décrit dans la 1ère lecture. Même ceux qui cherchent à le réaliser à travers la vie religieuse ont du mal à y parvenir, tellement les contingences socioculturelles nous poursuivent partout. D’ailleurs, les premiers disciples eux-mêmes ont eu du mal, à ne voir que l’incident d’Ananie et de Saphire Ac 5,1ss). Mais l’idéal reste toujours l’idéal. C’est ce qui a poussé certaines Eglises locales à adopter l’ecclésiologie de communautés de base.
Les épreuves sont là pour vérifier la qualité de notre foi, nous dit saint Pierre dans la deuxième Lecture.
2. Pour mieux comprendre cet évangile, disons d’abord que les disciples, après les rumeurs de la résurrection, sont en quête des éléments de reconnaissance du Christ ressuscité. Il n’y aura pas de signes sans la foi. Sinon, même Pilate l’aurait vu. Il y a une nécessité d’une prédisposition de foi, d’où le souci du Christ pour tous ceux qui ont été avec lui. C’est ici que nous comprenons la réponse que reçoit Jude le soir de la cène à sa question : « pourquoi vas-tu te manifester à nous et non pas au monde ? » (Jn 14, 22).
Ces signes tournent autour des sens : le voir, l’entendre, le toucher. Pendant que le Christ veut nous amener au-delà du sensible. Pour comprendre l’expérience de foi de Thomas, voyons ce qui fait sa ressemblance et sa différence avec Marie-Madeleine : Elle est obnubilée. Ce ne sont pas les larmes qui larmoyaient ses yeux qui l’empêchaient de bien voir. Ce n’est pas un problème de reconnaissance. Nous avons toujours prêché et c’est vrai : Jésus ressuscité n’est plus le même. Il prend un visage de l’un de nous… c’est morbide chez elle (Marie-Madeleine). Elle veut le cadavre et rien d’autre. Elle veut le reprendre. C’est le souci du corps de Jésus. Nous avons une fixation excessive sur la corporéité, nous aussi, comme Marie-Madeleine. Jésus nous invite à faire un saut spirituel de femme à Marie – de si c’est toi qui l’a enlevé dit le moi… à Rabbouni (mon maître). Elle se retourne – même mot hébreu pour dire « se convertir ». C’est le metanoia grec. Pourquoi le Christ refuse à Marie Madeleine de le toucher et pourtant, il invite Thomas à le faire ? Encore une fixation à la corporéité. C’est quand je serai retourné vers le Père, tu me toucheras – où, quand, comment ? Sans doute à travers l’eucharistie. Dieu veut nous mener au-delà du sensible.
3. Pourquoi alors Thomas est permis de le toucher ? Thomas est apôtre. Un apôtre dans l'erreur entraîne toute l'Eglise. Il est appelé à aller dans la foi plus loin que les autres. Le contenu de ce qu’il dit, dépasse de loin tout ce que tous les autres dans St Jean ont dit : « Mon Dieu ». Il est le seul à le dire. Son acte de foi a dépassé ce qu’il a vu (comme pour Saint Jean pour les linges comme nous l’avions dit le dimanche passé). Tu as cru, bien sûr au delà. Eh oui ! Bienheureux ceux qui auront ainsi cru avec la plénitude de foi à la divinité du Christ, sans avoir eu ce support sensible d'avoir vu. Le Seigneur revient pour ma foi comme pour Thomas. Ce geste, il fait pour tout disciple comme nous le verrons le dimanche prochain pour les disciples d'Emmaüs.

Oui, que la paix soit avec vous ! La paix de la part de Dieu veut dire pardon des péchés. Ceux qui ont suivi les enseignements de carême sur les béatitudes que j’ai donnés s’en souviennent. Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu. C’est la prérogative du messie d’apporter la paix. Ce messie est fils de Dieu. Il ne peut y avoir la paix de Dieu sans conversion, sans rémission de péchés. Tes péchés te sont pardonnés, ensuite, va en paix dit le Seigneur (prends ton brancard et marche). C’est la formule que l’Eglise a retenue pour le sacrement de l’eucharistie ou encore de la réconciliation (que la paix soit avec vous - allez dans la paix du Christ). Nous pouvons ainsi comprendre quand le Seigneur envoie ses disciples en mission, il leur dit : "dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord, paix à cette maison" (Lc 10, 5). Pourquoi les mains et le côté et non les pieds (qui avaient aussi pourtant les plaies) ? Le côté ouvert où jailli l’eau et le sang : c'est là que se révèle le souffle d'eau vive.
Ce n’est pas le Christ qui change, mais c’est nous qui sommes appelés pour le voir. Le Christ ressuscité met en place pour eux, comme pour nous, progressivement la foi. Allons et proclamons qu’il est vivant, reconnaissons-le à travers les plaies de blessés de notre société et comme Thomas sachons dire, point ne sera encore besoin de le toucher : « Mon Seigneur et mon Dieu ».

24.3.08

Homélie du dimanche de Pâques

Dimanche de Pâques : Ac 10, 34a.37-43 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9
Jésus se libère de liens de la mort .
Tout le monde accepte que Jésus était mort, même les non croyants. Mais dire qu’il est ressuscité est le propre des chrétiens. Nous sommes appelés à rendre compte de la résurrection. La foi n’est pas le fait de croire là où nous n’avons aucune explication à donner. Quand les choses nous dépassent, alors nous croyons seulement. Même l’aveugle-né de Jn 9 a réfléchi lorsqu’il s’est dit « surement c’est un prophète car on n’a jamais entendu qu’un homme ait ouvert les yeux d’un aveugle de naissance », ce qui a fait fâcher les pharisiens qui l’interrogeaient.
Revenons à l’évangile de la résurrection : « c’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il cru. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que jésus ressuscite d’entre les morts. »
A quoi Jean croit-il ? Suivons pas à pas ce cheminement.
1. La pierre est enroulée, Marie Madeleine court alerter Pierre. Pour elle quelqu’un aurait continué peut-être à vouloir faire subir des sévices à Jésus et profaner son corps. Ce que la loi juive et même romaine condamnait, dans quel cas il fallait faire intervenir le pouvoir public. Pierre est ici le pater familias, l’autorité susceptible de mener une telle démarche. Et, Jean, jeune de son état, court plus vite pour veiller à ce que les choses restent intactes et que Pierre fasse le premier ce constat. Ce qui a aussi sur le plan spirituel une grande signification.

2. Les liens de la mort : le linceul et les bandelettes qu’un mort a portés sont des liens de la mort. Liens insupportables que personne ne peut rompre. Lazare était sorti avec les siens. Et Jésus avait demandé à ceux qui étaient là : « déliez-le et laissez-le marcher » (Jn 11, 44). C’est justement là la différence entre Lazare et Jésus. Lazare portera de nouveau ces bandelettes. Ceux-là mêmes qui l’ont délié vont de nouveau le lier à sa mort. Mais Jésus d’en débarrasse une fois pour toute. La mort n’a sur lui aucun pouvoir.

3. Qu’est-ce que Jean a vu ? et à quoi a-t-il cru ? Jean est sensible aux signes. Il s’est sans doute dit que ce n’est pas un vol. Qui aurait pris les précautions d’enlever minutieusement les bandelettes et les poser de côté. Surtout qu’il saignait et qu’on était déjà au troisième jour. Ce qu’il a vu a dû lui faire penser à une Parole à laquelle en fait jusqu’à présent il n’avait pas cru et que maintenant il va croire. C’est possible que ce soit : « détruisez ce temple, et moi en trois jours je le rebâtirai, le texte dit qu’il parlait de son corps et quand il fût ressuscité, à ce moment là les disciples crurent à cette parole ». Commençons par croire en sa Parole "qui croit en moi, même s'il meurt vivra. nous aussi nous sommes appelés à nous débarrasser de liens de la morts, comme Jésus.

Voyez-vous, le tombeau vide n’est pas une preuve de la résurrection. Nous savons que pour les disciples ce sera les apparitions, mais déjà ici Jean nous donne une autre preuve, sa propre parole. Nous sommes invités aujourd’hui à aller proclamer qu’il est vivant. Non, on n’a pas volé le corps, mais qu’il est bien ressuscité. C’est le Kerygme, la Bonne Nouvelle. N’oublions pas que les évangiles ont commencé par là où ils terminent : Il est ressuscité – qui ? Jésus. Qui est Jésus ? Alors le récit commence depuis sa naissance. Allons nous aussi proclamer l’Evangile et apporter la preuve du ressuscité par les actes concrets et quotidiens de notre vie de témoins.

homélie du Vendredi Saint

Vendredi saint : Is 52, 13- 53,12 ; Hé 4, 14-16 ;5,7-9 ; Jn 18,1-19,42)
Quel est le sens chrétien de la souffrance ?
Le salut ne nous atteint que quand la communion de Jésus nous est donnée. La passion de Jésus nous pose une question ? Celle du sens de la souffrance ? Y’a-t-il un sens chrétien de la souffrance ? Surtout quand celle-ci nous tombe de façon tout impromptue et innocente ? Je vous renvoie aux enseignements que nous avons eus pendant le carême à la préparation de pâques (cf. les béatitudes : conclusion, que vous trouverez aussi sur ce blog). Sachons cependant que la croix sans Jésus est insupportable, et en revanche, il n’y a pas de Jésus sans la croix.
La passion de jésus nous situe devant une triple relation de l’Église :
1. Avec le monde de la politique représentée ici par Pilate
2. Avec les autres religions marquées ici par la présence de Caïphe, Anne
3. Avec Elle-même dont les disciples sont les protagonistes (Pierre, Judas, Jean…)
« Mon royaume n’est pas de ce monde » que beaucoup ont confondu avec « dans ce monde » situe la relation entre l’Église et les États dans un sphère parfois d’incompréhension. Il n’est pourtant pas ici question de l’exercice du pouvoir, mais de son origine. Jésus ne tient pas son pouvoir de moyens humains. Son exercice par conséquent n’est pas non plus à la manière de ce monde. Une interprétation erronée de ce passage a fait croire à beaucoup que l’Église ne devrait s’occuper que de ce qui concerne la vie après la mort. C’est un conflit de tout le temps. Avec les autres religions, nous partageons le même sort, surtout là où le temporel et le spirituel sont distinctement établis.
La deuxième relation nous situe en plein dans les relations inter religieuses. Là aussi, depuis la passion de notre Seigneur (évocation faite de l’Église primitive) jusqu’à nos jours, l’histoire nous montre que la paix n’a pas été à portée de mains. Autant avec les religions présentent à cette époque que celles qui viendront après. Dieu soit loué que son Esprit n’a cessé de guider son Église. Grâce au Concile Vatican II, nous pouvons parler aujourd’hui d’une considération pluraliste de religions (Nostra aetate). Et l’Eglise œuvre pour la liberté religieuse et pour la liberté de religions à laquelle Elle a consacré une Déclaration (Dignitatis humanae) . Notre prières est que nous sachions regarder désormais dans la même direction pour la paix dans le monde. Que nous contribuons tous à alléger, tant soit peu, la souffrance de l’homme et lui procurions le salut.
La troisième relation est interne à l’Église. Nous avons été choisis par le Seigneur et avons accepté son appel, autant que Pierre, Judas, Jean… Mais nous sommes aussi les premiers, comme Judas, à le trahir, comme Pierre à le renier… Que de division au sein de l’Eglise ! Dieu merci que certains comme jean, Lui reste fidèles jusqu’aux pieds de la croix. Notre question aujourd’hui, la question de chacun de nous est d’évaluer son attitude devant la croix. Le reniement de Pierre est le rejet de sa solidarité avec Jésus et le reniement de sa qualité de disciple. Comme Pierre, mon reniement aujourd’hui signifie que je ne veux plus suivre les instructions de cet Homme. Je ne veux plus L’imiter. C’est ce qui se manifeste quand Pierre tire le glaive de son fourreau. Il refuse l’enseignement que Jésus venait de lui donner sur « aimez vos ennemis », et sur « comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres ». Comme Pierre, nous vivons dans la peur de nous faire connaître. Combien ont aujourd’hui le courage de se signer ne fût-ce que du signe de la croix en public ?
Prions pour nos croix, la croix de chacun de nous et surtout de ceux qui croupissent de différentes manières, surtout ceux dont la souffrance est dure à supporter : une maladie incurable, un chômage qui dure pendant qu’on a des enfants à charge ; un échec scolaire ; le manque des papiers malgré ses bonnes intentions ; l’âge qui pèse, victime d’une guerre injuste et imposée, la famine due peut-être à la sécheresse malgré l’envie de cultiver, décès d'un être cher... Que Le seigneur nous allège ces fardeaux.

Homélie du Jeudi Saint

Jeudi saint : Ex 12,1-8.11-14 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15.
Le lavement des pieds.

Quelle est la signification théologique et spirituelle du lavement des pieds ?
Jésus lui donne beaucoup d’importance et il en fait un commandement. Ce que Jean retient et qu’il nous rapporte du soir de la cène en lieu et place de l’institution eucharistique que Matthieu, Marc et Luc ont déjà rapportée. Pour comprendre la signification spirituelle de ce geste de Jésus, nous devons commencer par écarter les significations purement matérielles.
1. Ce n’est pas une question d’hygiène. C’est ce premier sens que voit Pierre. Non, pas toi Seigneur, quand-même ! Non, tu ne me laveras pas les pieds. C’était un geste qu’on avait du mal à demander même à son esclave. Notons en outre qu’à l’époque, le sol des maisons n’était ni en carrelage, ni en parquet, mais en terre battu, comme en voit encore aujourd’hui dans le tiers-monde.
2. Ce n’est pas non plus une question de purification. Le deuxième sens que voit Pierre, une fois qu’il croit comprendre la réaction de Jésus. Si tel est le cas, alors pas seulement les pieds. Et le Seigneur de lui dire : « vous êtes déjà purs, mais pas tous ». S’il était question de la purification, Judas, lui aussi s’est pourtant fait laver aussi les pieds.
N’oublions pas que nous chez St Jean, l’évangéliste qui a construit son évangile autour des sacrements. Et si nous devons faire allusion au baptême, il n’est pas une simple purification rituelle, ni une question d’hygiène. La question selon laquelle pourquoi vous ne baptisez pas par immersion trouve ici une de réponse. Le baptême est une grâce qui s’accomplit dès que les éléments constitutifs du sacrement sont réunis et produisent ainsi leur effet indépendamment du ministre qui le fait. Il ne s’agit pas de purifier le corps, mais l’âme.

3. Quel est alors la portée spirituelle de ce lavement des pieds ? Ce geste était posé et est encore posé aujourd’hui par certaines cultures, surtout arabe. Quand on reçoit un étranger, on lui offre une bassine d’eau pour laver les pieds, signe de rafraichissement. Il existe encore dans beaucoup de ville surtout en occident, de fontaines à cet effet, on peut se mouiller la tête, se laver les pieds, avant de continuer sa route. A la maison, il symbolise l’accueil, l’hospitalité. C’est le « make yourself at home ». Ici Jésus le fait lui-même, signe du partage et de la charité.
Certaines traditions l’appliquent autrement (en Afrique par exemple, quand on reçoit un étranger, on commence par lui offrir un verre d’eau). Le lavement des pieds a donc le sens du repos. Repose-toi, maintenant après tout ce que tu as enduré comme fatigue. Et quand c’est offert par le maître de maison, cela a un sens de l’accueil, de l’hospitalité. Je t’introduis dans ma communion. Je te partage mon domaine. C’est le « make yourself at home » des anglais. L’hospitalité et l’accueil sont les premiers signes de la charité. Ils marquent positivement ou négativement tout le séjour. Ou on est accueilli ou on est rejeté. Jésus fait du lavement des pieds un commandement : faites-le les uns aux autres », il a manqué seulement de dire « en mémoire de moi » . Ce que tout chrétien devrait comprendre (vu l’important que lui donne Saint Jean). En réalité, il n’est pas nouveau ce commandement, parce qu’il s’inscrit dans le commandement de l’amour qu’il nous a déjà donné. Qu’est-ce que l’amour sans pardon ? Le lavement des pieds c’est toutes les fois que l’homme voit, non pas l’humiliation qui appelle à la vengeance, mais l’humilité qui le pousse à la demande du pardon. La charité ne peut pas se vivre dans la division, elle ne se vit pas sans la réconciliation. Le lavement des pieds c’est quand « un » Jean Paul II demande pardon au monde de la science reconnaissant l’œuvre de Galilée. Le lavement des pieds c’est quand une Chancelière allemande peut-être capable de tenir un langage nouveau (celui de la réconciliation) et peut parler l’hébreux sur le sol juif et quand les juifs peuvent entendre l’allemand en plein milieu d’un parlement représentatif de tout un peuple.qui l’avait imaginé ? Nous sommes appelés à poser des gestes concrets et chacun de nous porte la responsabilité de l’humanité. De ce qui se passe en Afghanistan, en Irak, au Darfour, en République Démocratique du Congo, en Colombie, au Kenya,… moi chrétien, j’ai quelque chose à dire, j’ai une expression à adresser à qui peut m’entendre, j’ai une prière à faire monter au Dieu des vivants qui meurt en son Fils pour la réconciliation de tout le genre humain. Prenons courage, osons poser ce geste d’abord dans nos milieux de vie pour que le monde change de visage. « Vous m’appelez Maître et Seigneur, je le suis, et pourtant, je vous ai lavé les pieds ; faites-le vous aussi les uns aux autres ». Il n'y a pas de charité sans un oubli de soi; il n'y a pas de charité sans un esprit de service.
Prions pour l’institution du sacerdoce et sa mission dans l’Eglise, prions pour l’institution de l’eucharistie et la réalisation de l’unité du monde dans le respect de religions, prions pour l’institution de la charité fraternelle en ce jeudi saint et pour la réconciliation et la paix dans le monde.

23.3.08

Les Béatitudes (Mt 5, 3-12) : Conclusion

Liberté spirituelle
Nous avons dit dans l’introduction que nous remettions deux éléments importants que la traduction française a laissés tomber du texte original : « car, eux ».
« Car ce sont eux qui seront consolés…, rassasiés…, obtiendront miséricorde… »
Ceci sous-entend, pas les autres. Et quadviendra-t-il alors aux autres ? Rappelons que cet enseignement est l’annonce d’une grâce, et non d’un jugement.
Mt nous donne la réponse dans la controverse du repas que Jésus prend avec les publicains et les pécheurs (Mt 9, 12-13). On peut sous-entendre « Tu ne fais pas la différence, tu devrais plutôt t’occuper de nous, qui sommes bien ». Jésus donne cette réplique très éclairante « ce ne sont pas les gens bien portants, qui ont besoin de médecin, mais les malades, car je ne suis pas venu appeler les justes, (donc, je ne m’occupe pas d’eux), mais les pécheurs ». Si vous êtes des justes, vous n’avez pas besoin de moi, alors que voulez-vous ?
A celui qui est juste, il ne lui manque rien. Si nous sommes justes, alors nous n’avons pas besoin du Sauveur, nous n’avons qu’à passer à côté du message du Christ. Les justes, leur place est au ciel. A nous de voir si c’est notre situation réelle. Ensuite, nous ne pourrons pas faire de réclamations. Cependant, nous savons que Jésus n’a jamais dit « je m’occupe des uns et je condamne les autres ». Il a dit « Je ne suis pas venu pour juger, mais pour sauver »
Si nous nous disons que nous avons besoin de lui, il nous faut faire le chemin des « pauvres en esprit ». Le Christ s’occupera de nous. Nous seront de la catégorie pour lesquelles il est venu. A nous de voir. C’est u processus, nous pouvons le devenir, si nous ne le sommes pas. Nous devons lui demander cette grâce.

Liberté de choix de vie

Le Christ ne procède pas par jugement, mais par élection.
Par jugement ce serait « si vous n’êtes pas doux, vous irez en enfer ». Il ne dit pas cela. Mais par élection : « Moi, pour le moment, je ne m’intéresse qu’aux doux. A eux, j’apporte ça et ça… Je ne m’intéresse qu’aux pauvres en esprit et je leur donne entièrement le Royaume de Dieu. Pour tous les autres, c’est à eux à décider ». Ce n’est pas l’instauration d’une Loi, c’est la révélation d’une préférence, d’une élection qui est toujours une élection par amour.

Les béatitudes instaurent un régime spirituel qui n’est plus celui régi par la crainte du châtiment de la loi, mais qui est de la démarche spirituelle libre et d’un désir spirituel libre. C’est le régime de la liberté spirituelle.

Bref, Les béatitudes ne sont pas simplement des paroles, des principes abstraits. Elles signifient que, tout au long de son ministère, « le christ s’est donné » à ceux à qui il parlait. Les béatitudes sont essentiellement christologiques et eucharistiques. Rien de bon ne peut se faire en nous autrement que « Par lui, avec lui et en lui ».

Nous espérons que ces enseignements aideront chacun de nous à se remettre en question et à bien se préparer pour célébrer « Pâques » en bon disciple du Christ. Joyeuses fêtes pascales à tous, et que Dieu vous bénisse.

22.3.08

Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (2)

Il faut lire ce texte à la suite du précédant : Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (1).
Les versets 12 et 3 s’équivalent : « car, votre salaire est grand dans les cieux », « car à vous appartient maintenant le royaume des cieux ». N'ayons pas peur de l'expression salaire. Certains ont traduit "récompense", comme à un enfant à quiont dit de faire des efforts en classe, car un cadeau l'attend après les résultats. Il s'agit bien d'un salaire que mérite un ouvrier (l'ouvrier mérite son salire a dit le Christ à ses disciples)
C’est parce qu’il accomplit une mission de prophète, que le disciple a un salaire dans les cieux. C’est le travail de la réalisation de la justice qui est souvent fait au risque de sa propre vie. Il ne s’agit pas ici du don de prophétie dont parlent les Actes des Apôtres, et qui n’est donné qu’à quelques uns.
Ce verset explique la suite du chapitre 5 : comme l’ont été les prophètes, vous maintenant vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. C’est le même « vous » (de la 2e personne) que nous retrouvons aux versets 11 et 12. Il s’agit du témoignage. Pour tout chrétien, le témoignage est fondamental. C’est la base de sa mission. « Etre lumière du monde à travers ses actes ». Lesquels ? Ceux qui glorifient le Père que Jésus évoque dans tout le chapitre 5, 6 et 7. Dont la conclusion se trouve dans 7, 28 : « Or quand Jésus eut achevé ces instructions, les foules restèrent frappées de son enseignement ; car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme leurs scribes ». Dieu dont l'amour est infini, prends pitié de ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Soulage leur douleur et donne-leur de croire en ton amour. Gloire soit rendu au Père et au Fils et au Saint-Esprit pour les siècles des siècles, Amen !

Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (1)

2e Tableau : 5, 10-12 (le tableau relatif aux persécutés)
Rappelez-vous que nous avions parlé du 1er tableau (Mt 5, 3-9) dans la 1ère béatitude.
Dès l’AT l’homme devrait aller vers Dieu par la pratique d’une justice parfaite. Israël n’y a pas cru et a rompu cette alliance. Il fallait alors que Dieu vienne nous donner sa propre justice. La justice parfaite devrait descendre du ciel. Dieu doit nous sauver et de notre péché, et des malheurs extérieurs. Ce qu’il fera par l’incarnation. C’est ce qu’annonce Isaïe dans le chant au serviteur souffrant : « le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes » (Is 53,11). Ce que nous trouvons dans la 4e béatitude.

Persécution et souffrance innocente.
La vocation de l’alliance est aussi d’alléger la souffrance. Dieu s'engage à réaliser pleinement le bonheur de l’homme par le don du royaume. Une joie nous est donnée qui est celle de la foi et de l’espérance. Grâce à sa confiance en Dieu, l’homme reçoit, dès à présent, une paix et une joie intérieures qui lui permettent de mettre ses souffrances, en communion avec celles du Christ. Rester son disciple, chercher à l’imiter, entraînera nécessairement, la même haine que celle qu’Il a rencontrée. Et les mêmes tourments que ce dont il a souffert. Chiara Lubich (la fondatrice des focolares, qui vient de rejoindre la Maison du Père ) disait : "On ne peut pas aimer la souffrance pour elle-même, parce qu’elle est un non-être… La douleur est toujours une négation. Par contre, c’est Jésus crucifié et abandonné que nous pouvons aimer. Il est présent en toute souffrance et en toute personne qui souffre." (La souffrance, 2e édition, nouvelle cité, Montrouge, 1998, p. 18)
« Heureux les persécutés, à cause de la justice » est indissociable de « vous, à cause de moi ». La subtilité de la tentation, c’est d’opposer la notion même de l’amour de Dieu à la notion de la souffrance et spécialement de la souffrance innocente. Nous retrouvons le problème du bonheur, problème tout à fait fondamental de l’esprit humain. « Si Dieu m’aime, Il devrait me rendre heureux. Et si vraiment Il m’aime, il ne peut pas supporter que je souffre. Et si je souffre, c’est qu’Il ne m’aime pas et qu’Il n’est pas juste ! ». Et la conséquence est que nous risquons de perdre la foi. Poser ainsi ce problème, c’est utiliser ce thème de l’amour de Dieu contre Dieu. Nous ne devons pas oublier que Dieu a dit à notre baptême, « tu es mon fils ». Tout chrétien est soumis à ce type de tentation. A cause de son amour, nous sommes appelés à prendre aussi part à la souffrance innocente, comme lui dans le chant du serviteur souffrant du prophète Isaïe (52,12 - 53, 13).
Humainement, il nous est difficile de le comprendre ; spirituellement, nous sommes tentés par le diable pour renier Dieu. Cela veut dire que notre idée de Dieu doit se transformer et il n’y a que le Christ qui puisse nous communiquer, par l’Esprit, son idée de Dieu, parce que, Lui, Il connaît et comprend le Père. (lire la suite dans Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (2))

7e béatitude : Mt 5, 9

7e « Heureux les pacificateurs, car ils seront appelés Fils de Dieu » v.9
Le fait d’instaurer la paix est une prérogative du Messie (Cf. Is 9 et 11). C’est la fonction du Messie d’instaurer la paix définitive (Mt 24). Or le propre du Messie est d’être appelé « Fils de Dieu » Ps 2, 6-7 : «Dieu a sacré, a oint son Messie sur la montagne Sainte et lui a dit «tu es mon fils bien-aimé, Moi, aujourd’hui, Je t’ai engendré ». Le titre de Fils de Dieu revient à tout ceux qui participent à ce rôle messianique d’’instauration de la paix (pas à la manière de ce monde avec les armes, les rebellions et les coups d'Etat). Ce pouvoir royal messianique d’instauration de la paix est en rapport avec le royaume (d'où sa symétrie avec la 1ère béatitude). Ceux qui exerceront ce pouvoir du royaume qui leur est donné, seront reconnus comme Fils de Dieu. Si nous imitons Dieu dans sa miséricorde, nous serons heureux du bonheur même de Dieu.
Conclusion : Dès l’AT, le thème du bonheur est enraciné dans cette conviction de foi que Dieu est le bonheur parfait, et il veut partager ce bonheur à son peuple. Cette paix, les fils l'instaurent d'abord autour d'eux : en famille, en communauté, en société, ...
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, et que son visage s'illumine sur nous, Amen.

6e béatitude : Mt 5, 8

6e « Heureux les cœurs purs, car, eux, ils verront Dieu » v.8
Nous sommes encore ici, en rapport avec toute la théologie de l’Alliance. Dans l’Alliance, il est question de voir Dieu. C’est la vision béatifique de Dieu face à face. Comme Moise au Mont Sinaï (Ex 24, 9-10) : cette vision béatifique fait partie des promesses de l’Alliance. L’observation de l’Alliance dont le résumé est « tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur » est le propre des cœurs purs, car le cœur est le siège de l’amour. Le cœur pur est le cœur qui n’est pas partagé entre les différents amours, il est tout entier à Dieu, unifié et pur. La pureté du cœur, c’est cet amour total, pour Dieu, dans l’Alliance. C’est ce que Matthieu nous dit « nul ne peux servir deux maître… » (6, 24). Cest ce qui fait dire à Jésus le soir de la cène, à Pierre : "vous êtes purs, mais pas tous" (allusion faite à Judas). Les cœurs purs verront Dieu. Cette vision n’est réalisable qu’avec la résurrection. Lorsque l’Ecriture parle de la résurrection, elle l’aborde toujours les deux aspects : la résurrection du corps et la vision béatifique de l’âme. Quand ? Aujourd’hui déjà et dans un futur proche. La question de Philippe nous donne ici la réponse : « Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit » et la réponse de Jésus : « depuis longtemps que je suis avec vous, Philippe, tu ne me connais pas ! Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 8-9) La 6e béatitude forme une symétrie avec la 2e et peuvent se lire ainsi : "bienheureux ceux qui se lamentent, ils recevront comme consolation, la résurrection des corps" (avec le pardon des péchés) », et "bienheureux les cœurs purs ils recevront ce qui accompagne la résurrection des corps et qui est la vision béatifique pour l’âme." Donne-nous Seigneur un coeur pur et rends-nous digne de la vision béatitfique du Père dont tu es le sacrement, toi qui vis et règnes avec Lui et le Saint-Esprit, Amen !

5e béatitude : Mt 5, 7

5e « Heureux les miséricordieux, car, eux, ils obtiendront miséricorde » v.7
Cette 5e béatitude est en parallèle avec la 3e, car les doux et les miséricordieux sont synonymes. « Heureux le miséricordieux, « Heureux les cléments ». Il faut la lire dans la continuité du commentaire que nous venons de faire de la 3e béatitude. Le chapitre 7 de Matthieu explique en quoi consiste cette 5 e béatitude. Le texte est au passif « car il leur sera fait miséricorde ». Tournure identique de la formule que nous trouvons dans Mt 7, 1 : « Ne jugez pas, pour n’être pas jugés » ; ou encore « avec la mesure dont vous mesurez, il vous sera ainsi mesuré » (Mt 7,2). Ce qui signifie « ne jugez pas autrui et Dieu ne vous jugera pas » ; faites miséricorde à autrui et Dieu vous fera miséricorde ». Si nous faisons miséricorde, nous sommes déjà du côté de Dieu. Le partage du royaume que le Père nous fait, doit nous faire agir comme lui, c'est la preuve par excellence de cette possession du Royaume. C'est ainsi que le monde reconnaît facilement et s'écrie :"c'est un homme de Dieu". Ce qui signifie : il agit comme Dieu le veut ! Pour ne pas dire qu'il agit comme Dieu. Seigneur, fais nous ce don de la miséricorde pour nos frères, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles, Amen !

4e béatitude : Mt 5, 6

4e « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car, eux, ils seront rassasiés » v.6
Pourquoi utiliser l’image de la faim, de la soif et ensuite du rassasiement pour évoquer cette promesse de la justice ? Pourquoi des éléments aussi vitaux pour parler de la justice ? c'est qu'elle est aussi vitale ! Ou que cet élément dont il faut se rassasier est aussi vital ? Et oui, ce n'est pas moins vrai. Cette béatitude doit se lire ainsi : Ceux qui ont faim et soif de devenir justes, seront rassasiés. Mais par qui ? Par Jésus lui-même, car Jésus et la justice reviennent au même. Comme nous l'avons vu avec le "Royaume" dans la première béatitude, Jésus est la Jsutice. Pour s’en convaincre voyons les versets 10 et 11 : « bienheureux les persécutés à cause de la justice »... « Vous les persécutés à cause de moi ». A cause de la justice devient à cause de Moi. Jésus est la Justice parfaite incarnée du royaume qui se communique à nous, en se donnant comme à manger et à boire, dans l’eucharistie. C'est par son corps et son sang que nous sommes rendus justes, que nous sommes justifiés., que nos péchés sont pardonnés, que nous avons le salut. "heureux ceux qui ont faim et soif de Moi, la justice, ils seront rassasiés par moi à travers mon corps et mon sang que je leur donnerai". Les pauvres mangeront, ils seront rassasiés, ils loueront le Seigneur , ceux qui le cherchent. Oui, comme le dit le prophète Isaïe : "le juste mon serviteur, justifiera la multitude". Seigneur, donne-nous cette faim et cette soif de ton corps et de ton sang. Rends-nous dignes du Royaume. Amen !

3e béatitude : Mt 5, 4

(Nous avons suivi l'ordre original de l'Evangile ou la béatitude de doux vient après celle de ceux qui pleurent. Ainsi cette béatitude forme une symétrie avec la 5e qui est celle des miséricordieux).
3e « Heureux les doux, car, eux, ils recevront la terre en partage » v.4
Héritage à comprendre comme répartition des biens, comme partage. Au temps de Josué, il y avait cette promesse et le texte en fait allusion ici. Le jeune riche, lui, demande ce qu’il doit faire pour avoir en partage la vie éternelle (cela a le même sens) (Mt 19, 16 ; Mc 10,17 ; Lc 18,18). La terre dont il est question, c’est la terre promise. Matthieu parle de la terre – s’agit-il de la terre promise ou du cosmos ? Les doux, il en est question dans Mt 11, 28-29 « venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos… car je suis doux et humble de cœur». Il ne s’agit pas seulement de la douceur de caractère, mais aussi de la clémence dans le jugement. Zacharie dit du Messie lors du cortège des rameaux : « réjouis-toi fille de Sion, voici ton roi qui vient, il est juste et victorieux, doux, monté sur un âne, il retranchera le cheval de la guerre, il annoncera la paix aux nations » (Za9, 9-10). Israël avait peur du jugement. Et le prophète précise, plutôt que d’avoir peur, réjouis-toi car il sera doux. Le royaume avait été déjà donné aux pauvres (1ère béatitude), pourquoi est-il encore donné aux cléments ? Parce que le désir de Dieu est de voir s’instaurer un règne de clémence, de miséricorde et de grâce et non de jugement impitoyable. C’est à ceux qui sauront exercer ce type de règne, que Dieu confie ce pouvoir, comme Il veut et comme le Christ veut. Seigneur, donne-nous la douceur dans notre agir et la clémence dans nos décisions à prendre. Que nous comprenions, même si nous ne pouvons être compris. Grâce soit rendu à Dieu, par le Fils et dans l'Esprit. Amen

2e béatitude : Mt 5,5

2e béatitude : « Heureux ceux qui se lamentent, car, eux, ils seront consolés » v.5
La consolation est ce qui recrée l’espérance, avec certitude, lorsque nous sommes dans la détresse. Lorsque nous sommes en difficulté, le simple fait de savoir que quelqu’un vient à notre secours, nous réjouit déjà. C’est cela la joie de l’espérance. Le mot consolation donne le mot « consolateur », qui se dit en grec : « paraclet ». Dans la pensée juive, le paraclet est le Messie (celui qui doit venir). Il vient apporter la consolation à Israël. Jésus va s’installer à Capharnaüm dont le nom signifie « village de la consolation ». Car il vient apporter la consolation à la détresse humaine. Malgré le futur, cette consolation est pour maintenant car Jésus se donne maintenant. Mais ce futur est aussi le futur immédiat, celui de notre vie. Le futur commence dans notre vie présente pour se terminer dans l’éternité. Pleurs ou lamentations dont il est question ne s’agit pas de l’affliction, de la tristesse humaine ordinaire uniquement. Pour savoir sur quoi portent les lamentations, il faut aller voir du côté des lamentations de Jérémie dans l’AT. Les lamentations de Jérémie correspondent effectivement à une confession de péché (les péchés d’Israël qui se détourne de Dieu). On se lamente sur ses péchés. C’est une démarche de conversion. Affliction spirituelle en confrontation avec la justice de Dieu. La consolation de ceux qui se lamentent sur leurs péchés sera justement, le pardon de leurs péchés. Jésus va leur pardonner leurs péchés dans un futur proche jusque dans l’au-delà de la mort.
Les pleurs de Rachel à Rama qui ne veut pas être consolée pour ses fils perdus (Jr 31,15 ; Mt 2,18) et Yahvé lui dit « Cesse ta plainte, sèche tes yeux ! Ils vont revenir tes fils, sur leur territoire » (Jr 31, 16-17). C’est donc la résurrection qui sera la consolation. « Ceux qui ont le désir de voir Dieu avec un cœur pur, ceux-là verront Dieu face à face ». La résurrection des morts sera la consolation de ceux qui pleurent l’un de leurs maintenant, c’est le futur eschatologique. Il y a là une autre dimension de l’espérance.
Consolation par la résurrection, mais aussi consolation par l’Esprit Saint : Jésus est le paraclet, le consolateur par excellence. « Courage », « n’ayez pas peur » sont des paraclèses = la fonction du paraclet. Mais Jésus enverra un autre paraclet : « Je ne vous laisse pas orphelins, je vous enverrai un deuxième paraclet, l’esprit de vérité » (Jn 14,16-17). Seigneur Jésus, fais nous vivre dans l'espérance du paraclet, il sera notre coach, et nous l'écouterons pour réussir. C'est lui qui nous apprends à dire Abba, Père. Et c'est ce Père qui nous a attiré vers toi.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Amen.

19.3.08

1ère béatitude : Mt 5, 3

Il est bon de lire avant tout l'introduction aux béatitudes que vous trouvez sur les liens ci-dessous.
Nous commençons par le 1er Tableau Mt 5, 3-9 (les 7 béatitudes), puis le 2nd : Mt 5, 10-12 (la Béatitude des persécutés).
1er Tableau : Mt 5, 3-9 (Les 7 béatitudes)
1ère béatitude : « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux » v. 3
Le Royaume qui appartient à Dieu, appartient désormais aux pauvres en esprit. Nous ne sommes plus sous la condition de la loi, mais de la grâce. C’est le passage de la loi (AT) à la grâce (NT). Les pauvres en esprit sont ceux qui présentent une attitude spirituelle de pauvreté. Une expression classique disait les pauvres de Yahvé. Ceux pour qui la seule et l’unique richesse, c’est Dieu et sa grâce. Grâce que nous cherchons auprès du Christ. Le Royaume qui est donné maintenant c’est la puissance que Dieu remet aux pauvres en esprit, comme moyen d’action, pour qu’ils agissent pour arriver à la perfection voulue par Dieu, pour eux. Ils peuvent faire de ce Royaume ce qu’ils veulent. Il n’est pas donné aux puissants, sinon ils vont en abuser. Ce que disent les pauvres en esprit, Dieu l’exécute. Parce qu’il partage avec eux son royaume, et cela dès à présent (le royaume des cieux est à eux). C’est le « que veux-tu que je fasse pour toi ? Seigneur que je vois. Vois ta foi t’a sauvé » de Mt 20,32. C’est le « qui demande et croit, l’a déjà obtenu » - il est l’équivalent de la foi dont parle Jésus : si vous en aviez gros comme le grain de moutarde, vous diriez à cette montagne, va te jeter dans la mer, elle vous obéirait. Ce royaume nous est donné maintenant. Pour notre salut. Pour que les tirans n’en abusent pas, il est donné aux pauvres de Yahvé.
Le Christ et le Royaume sont « un » (comme en arithmétique : 1/1 = 1). Nous pouvons le voir dans la parabole du scribe devenu « disciple du Royaume » (Mt 13,52). En effet, on n’est jamais disciple d’une idée, mais d’une personne. Disciple du Royaume signifie disciple du Christ. Ce dernier étant lui-même royaume de Dieu. Dans Luc 17,21, à la question « quand viendra le fameux Royaume de Dieu ? » Jésus répond : « la venue du Royaume ne se laisse pas observer, et l’on ne dira pas « il est ici » ou « il est là !» car voici que le royaume de Dieu est au milieu de vous ». Et c’est Jésus qui est parmi eux, comme à la cène. Le royaume est déjà dans la personne de Jésus.
« Bienheureux les pauvres en esprit, car Moi, Jésus, en tant que Royaume et Règne de Dieu présent ici-bas sur terre, Je me donne maintenant à eux ».
Puis-je être compté parmi ces pauvres en esprit ! Grâce soit rendu à Dieu, par Jésus, dans l’Esprit.

17.3.08

Les Béatitudes (Mt 5, 3-12) : Introduction

Nous étudierons les béatitudes une par une. Quelques considérations nous semblent de prime abord importantes. Ceci n'est qu'un résumé des enseignements que j'ai donnés pendant le carême 2008 dans une communauté paroissiale à Paris pour la préparation aux célébrations pascales . Vous comprendrez si je peux pas entrer dans les détails d'une explication ou d'une illustration dans ce langage écrit. Avec les bénéficiaires nous avons eu largement le temps d'échange, de partage, d'aller voir les citations pour explicitation...
La clé de lecture : les béatitudes ne proposent pas simplement des règles de morale universelle, ou un bonheur par delà la mort, elles annoncent le don que Jésus nous fait aujourd’hui. Le schéma proposé par chaque béatitude est donc : Dieu – Moi – Péché – Jésus – grâce (eucharistie) – Esprit (prière). Dieu se donne à moi et comme le péché m’empêche de l’atteindre, Jésus intervient et me fait (don) de sa grâce à travers l’eucharistie (mystère pascal) par l’entremise de l’Esprit Saint. La lecture que nous faisons des béatitudes doit inclure deux corrections à savoir l’ajout de « car » que la traduction française a laissé tombé, pourtant très significatif. Et aussi le pronom « eux » dont nous verrons à la fin l’importance. Une fois ces deux éléments remis en place, nous aurons dont la forme : « Heureux…, car, eux, ils auront (ou obtiendront, ou seront)... L’importance de « car », du texte original, veut dire qu’ils ne sont pas heureux parce qu’ils pleurent, mais parce qu’ils seront consolés. Pas parce qu’ils ont faim et soif…, mais parce qu’ils seront rassasiés. L’accent est mis sur la deuxième partie de la proposition. L’importance de « Eux » du texte original, montre qu’il ne s’agit pas de tous. Les autres ne sont pourtant pas exclus, mais s’ils le désirent, ils savent ce qu’il y a lieu de faire. « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » dira le Seigneur. Il convient de rappeler que les destinataires des béatitudes ce ne sont pas les foules, mais les disciples. Mais les foules sont prises à témoin. Eux aussi entendent ce que dit Jésus. Même si elles n’y adhèrent pas, elles ont de la matière pour juger les actes des disciples. C’est comme un non croyant qui dirait aujourd’hui à un chrétien, ce n’est pas ce que son Seigneur lui demande pourtant de vivre ou de faire (comme l’avait dit Ghandi). Ceci dit, nous passons à l’étude des béatitudes une par une. Il est important de saisir au préalable tout l’enseignement sur la détermination du nombre (combien y a-t-il des béatitudes et pourquoi ? ou encore la structure voulue par l’évangéliste Matthieu, de la « symétrie » dans le 1er tableau, puis du « chiasme » dans le second, à la différence de Luc (6, 20-26) qui utilise une formule lapidaire en termes d’ « heureux » et de « malheureux »…

16.3.08

Méditation du Dimanche des rameaux (Mt 26,14 - 27,66)

Gethsémani, Golgotha, Eli Eli lama sabactani,... pourquoi la souffrance innocente de nos jours ?
Mettons-nous dans la peau de Jésus pour sentir avec Lui cette angoisse qui l'accablait ce jour-là. C'est l'angoisse qui nous arrive devant la maladie, la souffrance, l'échec, la mort. C'est cette même tristesse qui nous habite. Posons-nous cependant la question de savoir pourquoi Jésus a-t-il prié ce jour-là ? pour que cette coupe passe loin de lui et nous savons la conclusion : "non pas ma volonté, mais la tienne, Père". ( Hé 5,7 nous dit qu'il a été exaucé). Nous devrions cependant, nous poser autrement la question : "pour qui Jésus a-t-il prié ce jour là ?" - pour tous ces disciples qui tomberaient dans le scandale à cause de sa croix et de sa mort. Ils étaient pourtant avertis ceux-là, dont les disciples Pierre, Jacques et Jean sont ici représentatifs. "Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute (...) mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée". Pauvres hommes, leur seule conviction de ne jamais abandonner le Seigneur ne suffisait pas. Même si tout le monde t'abandonne, moi, jamais, dit Pierre... "Ainsi donc, vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi ? L'esprit est ardent, mais la chair est faible, veillez donc pour ne pas entrer en tentation". La tentation du reniement : "je ne connais pas cet homme, je vous l'adjure". C'est le scandale qui nous hante devant toute souffrance surtout innocente. Les pleurs de Jésus comme nous les voyons dans Jn 11,35 (le court verset de la bible : "Et Jésus pleura"), sont pour ceux qui l'entourent. Aux femmes de Jérusalem il dit : "Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants". C'est comme une mère qui pleure, à sa mort pour ces enfants, pensant dans quel état elle les laisse par rapport à leur foi. Combien ne pleurent pas aujourd'hui, de leur vivant, de voir leurs enfants s'éloigner des sacrements, sombrer dans l'alcoolisme, mourir de la dépression et autres fléaux de nos jours. J'ai prié pour toi Pierre, dit Jésus, quand tu seras revenu de ton reniement, raffermis tes frères. Quelle attitude avons-nous à adopter devant la souffrance innocente? la nôtre, et celles de nos frères et soeurs ? "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" doit s'entendre surtout dans le sens, non pas de "qu'est-ce que j'ai fait pour que tu m'abandonnes?" Mais surtout "Dans quel but tu m'abandonnes ?" C'est par la croix - la mort - et la résurrection du Seigneur que nous avons la vie. Pâques sera pour nous la résurrection si nous entrons avec Jésus, dans sa passion, avec un coeur paisible, notre croix étant transformée de l'occasion de chute en un moyen de salut.

5.3.08

Expansion de la Congrégation (les 100 premières années : 1849-1949)

Fondée en 1849 (le 16 juillet), la congrégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie se développait lentement : elle avait reçu l'approbation civile (9 juillet 1859) et ses constitutions avaient été approuvées par Rome le 21 novembre 1860 et définitivement reconnues le 27 février 1866 ; l'approbation perpétuelle, donnée le 11 février 1870, fut confirmée le 2 mai 1870. D'abord établie au séminaire de Vich, puis installée dans l'ancien couvent des Carmes, la congrégation, dirigée depuis 1858 par le P. Xifré (le premier à étendre la congrégation au delà de l'Espagne. Il fut le deuxième Supérieur Général (après le P. Etienne Sala), et le demeura pendant 41 ans (1858-1899), il fonda à Barcelone (1860) et dans d'autres villes espagnoles avant d'ouvrir des maisons à l'étranger : en France (1869), au Chili (1870), à Cuba (1880), en Guinée-Équatoriale (1883), en Italie (1884), au Mexique (1884), au Brésil (1895), au Portugal (1898), en Argentine (1901), aux Etats-Unis (1902), en Uruguay (1908), en Colombie (1909), au Pérou (1909), en Autriche (1911), en Angleterre (1912), en Bolivie (1919), au Vénézuéla (1923), à Saint-Domingue (1923), au Panama (1923), en Allemagne (1924), au Sao-Tomé et Principe (1927), au Venezuela ( 1928), en Pologne (1932), en Chine (1933), au Perou (1933), en République Dominicaine (1938), au Porto-Rico (1946), aux Philippines (1947), en Belgique (1949), à suivre...


La fondation de la France fut occasionnée surtout par l'exil des clarétains après la révolution de 1868. Révolution au cours de laquelle un prêtre de la congrégation fut assassiné (le P. François Crusats :30 septembre), le nouveau gouvernement ferma les six maisons espagnoles et les missionnaires s'exilèrent à Prades.

Aujourd'hui, les Clarétains comptent 5 Maisons en France : Paris, Toulouse, Perpignan, Narbonne, Marseille.

Biographie de Saint Antoine-Marie Claret

Cinquième des onze enfants du tisserand Jean Claret et de Joséphine Clara, Antoine naquit le 23 décembre 1807, à Sallent, dans le diocèse de Vich, en Catalogne (Espagne). En même temps qu'il s'initiait au métier de tisserand, il étudiait le latin avec le curé de sa paroisse qui lui donna une solide formation religieuse et une tendre dévotion à la Sainte Vierge ; à dix-sept ans, son père l'envoya se perfectionner dans une entreprise de Barcelone où, aux cours du soir, il apprit, sans abandonner le latin, le français et l'imprimerie. Lors d'une ´prédication, alors qu'il était à la messe et que les idée des machines lui tournaient dans la tête, comme il nous arrive parfois de ces distractions qui nous préoccupent tant, il entendu ce passage de l'évangile : "QUE SERT À L'HOMME DE GAGNER LE MONDE ENTIER, SIIL VIENT À PERDRE SON ÂME (Mc 8,36). il décida à se faire chartreux mais, sur les conseils de son directeur de conscience, il choisit d'entrer au séminaire de Vich (29 septembre 1829). Tonsuré le 2 février 1832, minoré le 21 décembre 1833, il reçut le sous-diaconat le 24 mai 1834, fut ordonné diacre le 20 décembre 1834 et prêtre le 13 juin 1835. Il acheva ses études de théologie en exerçant le ministère de vicaire puis d'économe de sa ville natale.
Désireux de partir en mission, il se rendit à Rome pour se mettre à la disposition de la Congrégation de la Propagande. Le cardinal préfet étant absent, Antoine suivit les Exercices de saint Ignace chez les Jésuites qui lui proposèrent d'entrer dans leur compagnie. Il commença son noviciat (2 novembre 1839) qu'une plaie à la jambe l'obligea à quitter (3 mars 1840), signe que le Seigneur ne l'appelait pas là, selon son Maître du noviciat. Une fois revenu en Espagne, il fut guéri et se consacra à l'évangélisation de son pays.
Il fut curé de Viladrau où, à peine arrivé, pour le 15 août, il prêcha une mission qui eut tant de succès qu'on le demanda ailleurs et l'évêque le déchargea de sa cure pour qu'il se consacrât aux missions populaires (mai 1843) ; il prêcha et confessa dans toute la Catalogne et soutint ses prédications par plus de cent cinquante livres et brochures. Sa vie étant menacée (vu le contexte politique de son époque), l'évêque l'envoya aux îles Canaries (février 1848 à mars 1849) où il continua son ministère missionnaire. Avec cinq prêtres du séminaire de Vich, il fondait la congrégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie ou Missionnaires Clarétains (16 juillet 1849 en la fête de Notre Dame du Mont Carmel) dans le but de propager l'Évangile.
La même année de la fondation de son nouvel Institut de Missionnaires, Pie IX le nomma archevêque de Santiago de Cuba dont le siège était vacant depuis quatorze ans ; il fut sacré le 6 octobre 1850 et ajouta le nom de Marie à son prénom ; il s'embarqua, le 28 décembre 1850, à Barcelone, et arriva dans son diocèse le 16 février 1851, dans les conditions de cette époque. Il s'efforça d'abord d'instruire le peu de prêtres de son diocèse (vingt-cinq pour quarante paroisses) et de leur assurer un revenu suffisant ; il fit venir des religieux ; il visita son diocèse et y prêcha pendant deux ans où il distribua 97 217 livres et brochures; en six ans, il visita trois fois et demi son diocèse où il prononça 11 000 sermons, régularisa 30 000 mariages et confirma 300 000 personnes. Il fonda une maison de bienfaisance pour les enfants et les vieillards pauvres où il attacha un centre agricole ; il créa 53 paroisses et ordonna 36 prêtres. Les esclavagistes lui reprochaient d'être révolutionnaire, les autonomistes lui reprochaient d'être espagnol et les pouvoirs publics lui reprochaient d'être trop indépendant : il n'y eut pas moins de quinze attentats contre lui et l'on pensa que le dernier, un coup de couteau qui le blessa à la joue, lui serait fatal (1° février 1856 à Holguin).
Le 18 mars 1857, l'archevêque fut rappelé en Espagne par la reine Isabelle qui le voulait pour confesseur et il fut nommé archevêque titulaire de Trajanopolis sans pour autant cesser d'assurer de Madrid l'administration de Cuba. Confesseur de la Reine, il eut assez d'influence pour faire nommer de bons évêques, pour organiser un centre d'études ecclésiastiques à l'Escurial et pour imposer la morale à la cour. Voyageant avec la Reine à travers l'Espagne, il continua de prêcher et ne manqua pas de s'attirer la haine des nombreux ennemis du régime. Quand Isabelle II fut chassée de son trône (novembre 1868), Mgr. Claret y Clara n'eut d'autre solution que de s'exiler en même temps que la reine en France : il quitta définitivement l'Espagne le 30 septembre 1868.
En France, il eut de serieux problème de santé. Il s'occupa de la colonie espagnole de Paris ; le 30 mars 1869, il partit pour Rome, afin de participer aux travaux du premier concile du Vatican, mais il y tomba si malade qu'il dut se retirer à Prades où il arriva le 23 juillet 1870. Il parut pour la dernière fois en public à la distribution des prix au petit séminaire où il fit un discours en Catalan (27 juillet 1870). L'ambassadeur d'Espagne demanda son internement mais le gouvernement français fit en sorte que l'évêque de Perpignan l'avertît et, lorsqu'on vint l'arrêter (6 août 1870), il était réfugié chez les Cisterciens de Fontfroide où il mourut le 24 octobre 1870. Il fut béatifié en 1934 et canonisé le 7 mai 1950, par le Pape Pie XII.Cette année 2008, nous célébrons le bicentenaire de sa naissance. Une année jubilaire que nous placons sous le signe de la redecouverte de l'identité clarétaine. Notre prière est qu'à l'image de Saint Claret, le Seigneur envoie de nombreux évangélisateur pour le salut des hommes du monde entier. Sa dévise fut : "CHARITAS CHRISTI URGET NOS" (l'amour du Christ nous presse). Que le feu de cet amour de Dieu nous embrase, afin que nous le transmettions à notre tous partout dans notre entourage.