6.4.08

3e dimanche de Pâques

Ac 2, 14.22b-33 ; 1P 1,17-21 ; Lc 24, 13-35

Les disciples d’Emmaüs : l’évangile de ce dimanche est bien connu. Nous devons cependant faire attention avec ce genre de texte de peur de passer outre son vrai message. Nous nous efforcerons d’en donner quelques uns.

1. Le plus long jour : Il ne s’agit pas du film américain « The longest day » de 1962 qui évoquait le débarquement des troupes alliées en Normandie, mais du jour de la résurrection. Nous ne nous sommes peut-être pas rendus compte de la longueur de cette journée dont on nous parle tant. Depuis la visite des femmes au tombeau, jusqu’au soir sur le chemin d’Emmaüs, en passant par l’apparition aux dix (puisque Thomas ce jour là était absent). Et d’ailleurs, les disciples d’Emmaüs évoquent bien tous ces moments quand ils rapportent à leur compagnon de route ce qui est arrivé.
2. La recherche du sens de mon existence : je vous propose aujourd’hui, non pas une lecture statique de cet évangile, qui est celle catéchétique, qui s’articule autour des sacrements et de deux tables de la Messe : la table de la parole et la table eucharistique. Mais plutôt une interprétation dynamique centrée sur les questions que nous nous posons aujourd’hui, à commencer par celle de la recherche du sens de notre existence. Les disciples d’Emmaüs sont en quête du sens de leur vie. « Nous qui croyions… ». Combien n’ont pas été déçus d’un mariage sur lequel ils comptaient tant, d’un travail (tout le jour, il y a une entreprise qui ferme, mettons-nous à la place de ces pères et mères de famille), une maladie que nous avions cru curable… Nous voilà sur le chemin d’Emmaüs, tournant le dos à Jérusalem. Dans cette quête du sens, c’est Jésus lui-même qui se fait pourtant notre accompagnateur et veux nous faire croire encore à ce qui pour nous semble être déjà classé.
Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, peu habitué à l’Évangile, Emmaüs évoque l’œuvre de l’Abbé Pierre. Oui, lui aussi a voulu donner un sens à la vie de tous ces nécessiteux.
La foi en la résurrection naît d’une expérience personnelle de la rencontre avec le crucifié.

3. L’ouverture au Ressuscité (Lect. 1). Oui, c’est bien Jésus le Ressuscité qui vient nous faire sortir de notre torpeur. Pour ce faire, soyons désormais attentif que aux signes auxquels nous invite l’évangile de ce jour : le dialogue (notre monde se ferme à tout inconnu – aujourd’hui, les deux compagnons auraient dit à Jésus : de quoi te mêles-tu ? nous ne te connaissons pas. Laisse-nous en paix, nous avons déjà ras-le-bol !) ; l’hospitalité et le partage : partage, question, réponse, interpellation, explication… C’est par le dialogue qu’une lecture attentive de la souffrance se dénoue pour les disciples d’Emmaüs. La tombée de la nuit et l’invitation : « reste avec nous ». C’est Jésus lui-même qui se propose à notre invitation. Le verbe rester est le même que demeurer que nous trouvons chez les deux disciples de Jean qui vont à la suite de Jésus (« ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là » Jn1,39) ; c’est aussi le même que nous trouvons chez Zachée (Lc 19,5). C’est l’être avec de Mc 3,14 (Jésus les choisit pour être avec Lui et pour les envoyer). C’est le « je serai avec vous jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).

Reste avec nous… Jésus fait toujours semblant d’être le plus désintéresse de tout. Et pourtant, il sait bien qu’il n’est pas encore arrivé au bout de la guérison qu’il apporte. Il veut nous faire participer. Quel est cet étranger, qui prend l’initiative de bénir le pain ? la tâche qui revenait au Père de famille ou à l’hôte qui reçoit. Oui, nous ajouterons un couvert à table ce soir, reste avec nous Seigneur Jésus. Nous déroulerons notre canapé et tu trouveras ou dormir. Mais personne ne dormira ce soir là…
4. Invitation au témoignage : On ne peut jamais rencontrer le Christ ressuscité et rester le même ! Tous ceux qui l’ont rencontré se sont mis en route, pour aller porter la nouvelle, La Bonne Nouvelle. Plus de fatigue, plus de sommeil, plus de nuit, il faut refaire le chemin de Jérusalem : l’espérance retrouvée.

5. Nous qui croyions… puisse nos maladies trouver guérison en Jésus – nos doutes trouver la foi – nos questions trouver les réponses… allons et si sur notre route, nous trouvons aussi des frères découragés par les épreuves, faisons comme Jésus, apportons-leur un réconfort, nous sommes aguerris – c’est ce que les disciples d’Emmaüs ont fait pour leurs frères. Et voilà qu’en définitive , c’était mutuel.