23.4.08

5e Dimanche de Pâques

5e dimanche de Pâques Année A
Ac 6, 1-7 ; 1P 2, 4-9 ; Jn 14,1-12

1. L’angoisse : lieu d’obstacle à la foi
2. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » est à lire à la suite de « Je suis la porte »
3. La primauté de la Parole : savoir faire l’échelle de priorités.


1.
L’angoisse : lieu d’obstacle à la foi
Les lectures de ce dimanche nous proposent une série de réponses à certaines de nos questions ou aux questions qui se posent dans nos communautés (comme à la communauté primitive).
Les propos entretenus pendant la longue soirée de la cène que Jean nous rapporte en 4 chapitres (du chapitre 13 au chapitre 17) ne pouvait pas laisser les apôtres indifférents. Il commence, en effet, par une introduction qui fait poser des questions et provoque une inquiétude auprès dans le chef des apôtres. « C’est pour peu de temps que je suis encore avec vous »… « Là où je vais vous ne pouvez pas venir pour l’instant »… « Pierre, tu me suivras plus tard »… « D’ailleurs vous connaissez le chemin »… Et Thomas de lui dire : « nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrons savoir le chemin ». Et puisqu’il fait allusion au Père, Philippe en profite : « Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit ». Ces questions n’ont rien d’un esprit obtus. Les deux font valoir des questions que nous serions nous aussi amenés à nous poser. Ne soyez pas troublés leur dit Jésus. Oui, l’angoisse est ce qui nous éloigne de la foi. Qui obstrue la foi. Et seul l’Esprit peut nous aider à nous en sortir. Tout n’est pas perdu dans l’angoisse. Sauf qu’elle risque de nous mettre dans une prédisposition qui ne nous permettra pas de mener à bien le discernement pour découvrir quelle est la volonté de Dieu dans la situation présente. Comme Marie à l’annonciation : « en entendant cette formule de salutation, elle fut bouleversée ». L’ange lui dit : « sois sans crainte, Marie ». Le Seigneur prononce pour nous la même formule quand nous nous trouvons devant une situation qui risque de nous faire faire une interprétation erronée et nous faire tomber dans le doute et l’incroyance.
2. « Je suis le chemin, la vérité et la vie » est à lire à la suite de « Je suis la porte »
Cette réponse que Jésus donne à Thomas se situe dans la suite de l’Evangile du bon Pasteur que nous avions lu le dimanche passé (Jn 10, 1-10). Certes, Jésus ne les a pas prononcés de façon suivie, mais nous retrouvons l’explication de la réponse faite à Thomas : « je suis le chemin, la vérité, la vie » dans « je suis la porte ». Le chemin et la porte reviennent au même. C’est par un chemin qu’on va vers la porte, le passage. Puisqu’il est question de la clôture, c’est qu’il ya un passage par le seul chemin qui donne à la porte. N’allez pas chercher d’autres chemins, n’allez pas chercher d’autres portes. Le problème de notre société c’est que tout le monde est en quête de chemin, en quête de la vérité, mais quel chemin ? Quelle vérité ? Nous nous cramponnons chacun derrière sa vérité et nous ne sommes pas ouverts à l’écoute.
Jésus est la vie à travers les sacrements. Il est la Vérité à travers sa Parole. Il est le chemin, car il fait route, il chemine avec chacun de nous dans sa vie de foi, comme autrefois avec les disciples d’Emmaüs.
C’est parce que chacun détient sa part de vérité que nous sommes parfois divisés entre croyants. Il faut un minimum d’esprit ouvert pour reconnaître Jésus – Vérité. Pilate n’avait pas recevoir de réponse à sa question, de la part de Jésus : « Est qu’est-ce que la Vérité ? ». Aujourd’hui, nous apprenons qu’il nous faut demander « qui est la Vérité ?». Même quand nous n’adhérons pas à cette vérité, cessons de faire obstacle à la vie de ceux qui y croient. C’est entre autre, le message que Benoît XVI venait de transmettre au monde du haut de la tribune des Nations Unis : « les droits de l’homme ne vont pas à l’encontre du droit à la liberté religieuse, surtout quand elle concerne la minorité ».
3. La primauté de la Parole : savoir faire l’échelle de priorités.
La parole dont il est question n’est pas à mettre au même niveau que les autres choses éphémères comme la nourriture. C’est ce que nous pouvons lire dans la première lecture. « Les frères de langue grecque récriminaient contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que dans le secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées. » La langue est le premier facteur de la culture. La culture est un élément d’identification. Il suffit de savoir que celui qui est face de moi ne parle pas la même langue que moi pour qu’une distance commence à se créer. Au départ cette attitude est certainement liée à la difficulté de compréhension. On le tient déjà comme étranger. Tandis que parler la même langue rapproche. On se sent plus frères. Un deuxième facteur souligné dans cette lecture est celui des « veuves ». Les veuves font parties des classes sociales défavorisées. Nous savons qu’elles peuvent être de différentes catégories, mais leur point commun c’est qu’elles vivent dans un manque que la foi en Dieu seul (pour les croyants) est appelée à combler. Depuis l’Ancien Testament, on nous dit que la communauté prenait soin d’elles. Quand nous entendons parler de communauté de biens, séparation de biens comme régime matrimonial, c’est cette question de la vie après la séparation qui est visée (après un décès ou en cas de séparation du couple). Dans certaines cultures, à la mort du mari, toute la famille du mari s’accapare de tous les biens et laisse la veuve les mains bredouilles. Les gens ne vivent pas, partout la notion de droits de l’homme (ou de la femme en particulier) comme c’est le cas aujourd’hui, en occident. Ceci doit nous aider à comprendre cette revendication des veuves et leur prise en charge par la communauté.
Les apôtres vont résoudre la question par ordre de priorité. « Nous n’allons pas délaisser le service de la Parole ». « Trouvez 7 d’entre vous à qui nous allons confier ce service de la table ». Nous avons ici aussi deux réponses à tirer : la 1ère est l’élection. L’élection existe depuis le début de l’Eglise comme mode de désignation de ceux qui sont appelés par Dieu à un ministère ecclésial, à quelque niveau que ce soit. Nous avons déjà l’exemple avec l’élection de Mathias. Chez Mathias, un fait important est celui du choix de Dieu qui se manifeste par le tirage au sort. Là où les hommes sont limités, on laisse Dieu parler. (C’est ainsi qu’il faut aussi voir le tirage au sort de la tunique de Jésus). Aujourd’hui encore Dieu continue son élection qui passe par des moyens différents, comme il en a été le cas tout au long de l’histoire de l’Eglise. La 2e considération est la place des critères dans cette élection. « Hommes estimés de tous, remplis de l’Esprit Saint, pleins de sagesse ». Il n’y a pas d’élection sans critères. Jésus, Lui aussi, avait ses critères connus de lui seul dans le choix des disciples et des apôtres. A certains qui voulaient le suivre, il disait va plutôt témoigner chez toi, ce sera un signe pour les tiens – et à d’autres, il disait, viens suis-moi. L’Eglise a toujours connu des critères dans le choix de ses ministres ou de toute autre vocation. Même la vocation au mariage a ses critères. Il y aura toujours de critères dans le choix de ministres destinés au sacerdoce malgré le manque de vocation. On ne va pas ramasser n’importe comment, parce qu’il manque de prêtre.
En ce dimanche, nous prions pour que l’angoisse ne nous trouble pas et ne nous ferme pas dans la lecture positive des événements, parfois déconcertants, que nous vivions au quotidien. Et que nous sachions découvrir le Christ qui se donne à nous pour être notre chemin, Lui la seule vérité qui nous donne la vie.

13.4.08

4e Dimanche de Pâques

Ac 2, 14a.36-41 ; 1P 2, 20b-25 ; Jn 10, 1-10
Jésus le Bon Pasteur – Jésus la porte du bercail.

Frères que devons-nous faire (L1)? La première lecture nous implique dans les crucifixions d’aujourd’hui, dans le monde. La conversion n’est pas une question d’une fois pour toute : nous sommes baptisés = nous sommes convertis, c'est tout ! La conversion c’est chaque jour de notre vie. C’est quand nous tournons notre regard vers le Seigneur. Quand nous sommes prêts à soumettre notre vie à son contrôle et attendre ce qu’il nous en dit. Lui le Bon Berger, Lui Notre Seigneur (L2).

De l’Evangile de Saint Jean, Jésus nous dit :
Le pasteur c’est Lui ;
La porte c’est aussi Jésus
Comment concilier les deux images ?
Nous devons avoir en esprit les circonstances qui ont fait tenir ce discours à Jésus. Le chapitre 10 de Saint Jean suit la guérison de l’aveugle-né (ch.9) que les pharisiens ont bouté dehors. Ce jeune homme était maintenu sous le poids de la loi. Et ce chapitre 9 vient après celui où Jésus dit "la vérité vous rendra libre" (Jn 8), et ici, il est question de cette liberté pour les brebis qui vont entrer et sortir paître librement.
Dans un premier temps Jésus se présente comme le bon berger. « Je suis le Bon Berger ». Il est connu du portier qui lui ouvre. Le portier c’est le Père. Jésus se soumet au contrôle du Père. Il ne fait rien qu’il n’apprend du Père. De là découlent les trois critères qui peuvent nous aider à reconnaître, de tous les temps, le bon berger. C’est Jésus Lui-même qui nous les donne :
1. Le contrôle : S’évaluer par rapport à la volonté du Père. Se soumettre à son contrôle. « Non pas ma volonté, mais la tienne ». Jésus ne fait rien qui ne plaise au Père. Le pasteur doit se soumettre continuellement au contrôle de la Parole de Dieu. Comment la vit-il lui-même avant de la transmettre aux autres ?
2. La croix : « je donne ma vie pour mes brebis ». Un pasteur qui ne sait pas prendre lui-même sa croix, n’est pas digne de se voir confier les brebis. Ici c’est Jésus qui devient le critère pour nos pasteurs d’aujourd’hui. C’est le « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu » ? que nous avons au ch. 21 de Saint Jean. Se mettre au devant du troupeau, c’est donner l’exemple à suivre.
3. Le pastorat : savoir assumer sa charge pastorale. « j’ai des brebis qui ne sont pas de cet enclos, il faut que j’aille les chercher, celles-là aussi », dit le Seigneur. La pastorale ne doit pas se limiter aux quatre murs de la chapelle. Ceux-là sont mes fidèles… Le curé n’a pas de fidèles, ce sont les fidèles du Christ. La preuve en est qu’il ne peut jamais présenter une liste et dire j’ai autant de fidèles. Le Christ lui, les connaît chacun par son nom, d'où qu'il vienne, où qu'il soit. Osez demander à un curé les noms de ses paroissiens... Il va se rappeler de 10, 15 et peut-être 20 tout au plus. Il est pourtant appelé à les connaître.
Le pastorat, c’est le risque à prendre en avançant au large pour jeter le filet comme le demande le Seigneur à ses disciples. Là où notre propre vie est en danger. Les pêcheurs savent que les poissons on les prend au bord du lac ou de la mer, là où, ils viennent se nourrir, où ils viennent poser leurs oeufs. Mais les chercher en eau profonde, non seulement il ya un risque de chavirer, mais aussi, il y a peu de chance de les avoir. Et pourtant c’est là que le Seigneur nous envoie. Chez ceux que nous considérons comme les plus païens de tous : les prostitués, les drogués,… C’est dire que ce n’est pas par l’effort du pêcheur que le poissons se prennent, mais par la seule grâce du maître.

Venons-en à la deuxième image, celle de la porte. Jésus dit : « je suis la porte ».
La porte suppose une clôture, un mur, un enclos. C’est ce qui protégeait Israël. Ne quittons pas des yeux, comme je vous l’ai dit au début, la scène de la guérison de l’aveugle-né. Il s’agit de la Loi. La clôture c’est la Loi. Et Jésus se propose comme le meilleur interprète de la Loi. Les pharisiens cherchent la mort de tous ceux qui ne vivent pas l’observance de la Loi. Ils font peser lourds les fardeaux sur le peuple pendant qu’ils ne sont pas en mesure de le remuer du doigt. Ils escaladent cette Loi (la clôture) par leur mauvaise interprétation. C’est un reproche aux pharisiens qui réduisent le peuple en esclavage. Jésus est lui la porte d’interprétation de la Loi qu’il ne vient pas abolir, mais accomplir. C’est ainsi qu’il parle de faux messies qui sont venus avant lui. Il faut se soumettre au contrôle du Père et donner le vrai sens de ce qu’il veut : «non pas les sacrifices et holocaustes, mais la miséricorde et la vie ». C’est seulement en ce moment que nous comprenons le sens que Jésus donne à « entrer et sortir paître librement ». C’est la vie sous la mouvance de l’Esprit Saint par la foi et non sous la contrainte de la loi ». Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. La foi est la liberté plénière. Qui choisit le Christ vit dans le discernement spirituel et dans la liberté spirituelle. « J’ai encore des brebis qui ne sont pas de cet enclos, celles-là, j’irai aussi les chercher… » : Ceux de la diaspora et les païens, dont Paul aura le privilège de la Mission, « cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois, et des fils d’Israël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom » (Ac 9, 15-16). Voilà, comment le Christ nous résume Lui-même les critères du bon pasteur comme nous venions de le détailler.

Avec «Jésus, la porte », nous retrouvons la parabole des synoptiques dont Jean viens de nous donner l’explication. La parabole de la « porte étroite » (Mt 7, 13 ; Lc 13, 24)). Et nous retrouvons aussi la réponse que Jésus donne à Thomas le soir de la cène et dont nous ferrons la lecture le dimanche prochain : « je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Prions pour le Pape Benoît XVI, pour tous les curés, pour tous les prêtres, pour tous ceux qui ont la charge d’âmes (qui travaillent dans le champs pastoral). Prions pour tous les pères et toutes les mères de familles qui ont aussi à leur charge l’église domestique (selon l’expression de Jean Paul II).
Tout ce que nous venons de dire se résume dans le seul critère de l’amour que le pasteur a à avoir pour son Maître. Amour dont le Christ veut se rassurer, pour nous confier ses brebis comme nous le lisons dans Jn 21, 15-19 : « Simon fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Alors, pais mes brebis ».

6.4.08

3e dimanche de Pâques

Ac 2, 14.22b-33 ; 1P 1,17-21 ; Lc 24, 13-35

Les disciples d’Emmaüs : l’évangile de ce dimanche est bien connu. Nous devons cependant faire attention avec ce genre de texte de peur de passer outre son vrai message. Nous nous efforcerons d’en donner quelques uns.

1. Le plus long jour : Il ne s’agit pas du film américain « The longest day » de 1962 qui évoquait le débarquement des troupes alliées en Normandie, mais du jour de la résurrection. Nous ne nous sommes peut-être pas rendus compte de la longueur de cette journée dont on nous parle tant. Depuis la visite des femmes au tombeau, jusqu’au soir sur le chemin d’Emmaüs, en passant par l’apparition aux dix (puisque Thomas ce jour là était absent). Et d’ailleurs, les disciples d’Emmaüs évoquent bien tous ces moments quand ils rapportent à leur compagnon de route ce qui est arrivé.
2. La recherche du sens de mon existence : je vous propose aujourd’hui, non pas une lecture statique de cet évangile, qui est celle catéchétique, qui s’articule autour des sacrements et de deux tables de la Messe : la table de la parole et la table eucharistique. Mais plutôt une interprétation dynamique centrée sur les questions que nous nous posons aujourd’hui, à commencer par celle de la recherche du sens de notre existence. Les disciples d’Emmaüs sont en quête du sens de leur vie. « Nous qui croyions… ». Combien n’ont pas été déçus d’un mariage sur lequel ils comptaient tant, d’un travail (tout le jour, il y a une entreprise qui ferme, mettons-nous à la place de ces pères et mères de famille), une maladie que nous avions cru curable… Nous voilà sur le chemin d’Emmaüs, tournant le dos à Jérusalem. Dans cette quête du sens, c’est Jésus lui-même qui se fait pourtant notre accompagnateur et veux nous faire croire encore à ce qui pour nous semble être déjà classé.
Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui, peu habitué à l’Évangile, Emmaüs évoque l’œuvre de l’Abbé Pierre. Oui, lui aussi a voulu donner un sens à la vie de tous ces nécessiteux.
La foi en la résurrection naît d’une expérience personnelle de la rencontre avec le crucifié.

3. L’ouverture au Ressuscité (Lect. 1). Oui, c’est bien Jésus le Ressuscité qui vient nous faire sortir de notre torpeur. Pour ce faire, soyons désormais attentif que aux signes auxquels nous invite l’évangile de ce jour : le dialogue (notre monde se ferme à tout inconnu – aujourd’hui, les deux compagnons auraient dit à Jésus : de quoi te mêles-tu ? nous ne te connaissons pas. Laisse-nous en paix, nous avons déjà ras-le-bol !) ; l’hospitalité et le partage : partage, question, réponse, interpellation, explication… C’est par le dialogue qu’une lecture attentive de la souffrance se dénoue pour les disciples d’Emmaüs. La tombée de la nuit et l’invitation : « reste avec nous ». C’est Jésus lui-même qui se propose à notre invitation. Le verbe rester est le même que demeurer que nous trouvons chez les deux disciples de Jean qui vont à la suite de Jésus (« ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là » Jn1,39) ; c’est aussi le même que nous trouvons chez Zachée (Lc 19,5). C’est l’être avec de Mc 3,14 (Jésus les choisit pour être avec Lui et pour les envoyer). C’est le « je serai avec vous jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).

Reste avec nous… Jésus fait toujours semblant d’être le plus désintéresse de tout. Et pourtant, il sait bien qu’il n’est pas encore arrivé au bout de la guérison qu’il apporte. Il veut nous faire participer. Quel est cet étranger, qui prend l’initiative de bénir le pain ? la tâche qui revenait au Père de famille ou à l’hôte qui reçoit. Oui, nous ajouterons un couvert à table ce soir, reste avec nous Seigneur Jésus. Nous déroulerons notre canapé et tu trouveras ou dormir. Mais personne ne dormira ce soir là…
4. Invitation au témoignage : On ne peut jamais rencontrer le Christ ressuscité et rester le même ! Tous ceux qui l’ont rencontré se sont mis en route, pour aller porter la nouvelle, La Bonne Nouvelle. Plus de fatigue, plus de sommeil, plus de nuit, il faut refaire le chemin de Jérusalem : l’espérance retrouvée.

5. Nous qui croyions… puisse nos maladies trouver guérison en Jésus – nos doutes trouver la foi – nos questions trouver les réponses… allons et si sur notre route, nous trouvons aussi des frères découragés par les épreuves, faisons comme Jésus, apportons-leur un réconfort, nous sommes aguerris – c’est ce que les disciples d’Emmaüs ont fait pour leurs frères. Et voilà qu’en définitive , c’était mutuel.

2e dimanche de Pâques

Ac 2, 42-47 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31

Nous sommes en quête des éléments de reconnaissance du Christ ressuscité.
1. Nous sommes loin de vivre l’idéal qui nous est décrit dans la 1ère lecture. Même ceux qui cherchent à le réaliser à travers la vie religieuse ont du mal à y parvenir, tellement les contingences socioculturelles nous poursuivent partout. D’ailleurs, les premiers disciples eux-mêmes ont eu du mal, à ne voir que l’incident d’Ananie et de Saphire Ac 5,1ss). Mais l’idéal reste toujours l’idéal. C’est ce qui a poussé certaines Eglises locales à adopter l’ecclésiologie de communautés de base.
Les épreuves sont là pour vérifier la qualité de notre foi, nous dit saint Pierre dans la deuxième Lecture.
2. Pour mieux comprendre cet évangile, disons d’abord que les disciples, après les rumeurs de la résurrection, sont en quête des éléments de reconnaissance du Christ ressuscité. Il n’y aura pas de signes sans la foi. Sinon, même Pilate l’aurait vu. Il y a une nécessité d’une prédisposition de foi, d’où le souci du Christ pour tous ceux qui ont été avec lui. C’est ici que nous comprenons la réponse que reçoit Jude le soir de la cène à sa question : « pourquoi vas-tu te manifester à nous et non pas au monde ? » (Jn 14, 22).
Ces signes tournent autour des sens : le voir, l’entendre, le toucher. Pendant que le Christ veut nous amener au-delà du sensible. Pour comprendre l’expérience de foi de Thomas, voyons ce qui fait sa ressemblance et sa différence avec Marie-Madeleine : Elle est obnubilée. Ce ne sont pas les larmes qui larmoyaient ses yeux qui l’empêchaient de bien voir. Ce n’est pas un problème de reconnaissance. Nous avons toujours prêché et c’est vrai : Jésus ressuscité n’est plus le même. Il prend un visage de l’un de nous… c’est morbide chez elle (Marie-Madeleine). Elle veut le cadavre et rien d’autre. Elle veut le reprendre. C’est le souci du corps de Jésus. Nous avons une fixation excessive sur la corporéité, nous aussi, comme Marie-Madeleine. Jésus nous invite à faire un saut spirituel de femme à Marie – de si c’est toi qui l’a enlevé dit le moi… à Rabbouni (mon maître). Elle se retourne – même mot hébreu pour dire « se convertir ». C’est le metanoia grec. Pourquoi le Christ refuse à Marie Madeleine de le toucher et pourtant, il invite Thomas à le faire ? Encore une fixation à la corporéité. C’est quand je serai retourné vers le Père, tu me toucheras – où, quand, comment ? Sans doute à travers l’eucharistie. Dieu veut nous mener au-delà du sensible.
3. Pourquoi alors Thomas est permis de le toucher ? Thomas est apôtre. Un apôtre dans l'erreur entraîne toute l'Eglise. Il est appelé à aller dans la foi plus loin que les autres. Le contenu de ce qu’il dit, dépasse de loin tout ce que tous les autres dans St Jean ont dit : « Mon Dieu ». Il est le seul à le dire. Son acte de foi a dépassé ce qu’il a vu (comme pour Saint Jean pour les linges comme nous l’avions dit le dimanche passé). Tu as cru, bien sûr au delà. Eh oui ! Bienheureux ceux qui auront ainsi cru avec la plénitude de foi à la divinité du Christ, sans avoir eu ce support sensible d'avoir vu. Le Seigneur revient pour ma foi comme pour Thomas. Ce geste, il fait pour tout disciple comme nous le verrons le dimanche prochain pour les disciples d'Emmaüs.

Oui, que la paix soit avec vous ! La paix de la part de Dieu veut dire pardon des péchés. Ceux qui ont suivi les enseignements de carême sur les béatitudes que j’ai donnés s’en souviennent. Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu. C’est la prérogative du messie d’apporter la paix. Ce messie est fils de Dieu. Il ne peut y avoir la paix de Dieu sans conversion, sans rémission de péchés. Tes péchés te sont pardonnés, ensuite, va en paix dit le Seigneur (prends ton brancard et marche). C’est la formule que l’Eglise a retenue pour le sacrement de l’eucharistie ou encore de la réconciliation (que la paix soit avec vous - allez dans la paix du Christ). Nous pouvons ainsi comprendre quand le Seigneur envoie ses disciples en mission, il leur dit : "dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord, paix à cette maison" (Lc 10, 5). Pourquoi les mains et le côté et non les pieds (qui avaient aussi pourtant les plaies) ? Le côté ouvert où jailli l’eau et le sang : c'est là que se révèle le souffle d'eau vive.
Ce n’est pas le Christ qui change, mais c’est nous qui sommes appelés pour le voir. Le Christ ressuscité met en place pour eux, comme pour nous, progressivement la foi. Allons et proclamons qu’il est vivant, reconnaissons-le à travers les plaies de blessés de notre société et comme Thomas sachons dire, point ne sera encore besoin de le toucher : « Mon Seigneur et mon Dieu ».