17.3.08

Les Béatitudes (Mt 5, 3-12) : Introduction

Nous étudierons les béatitudes une par une. Quelques considérations nous semblent de prime abord importantes. Ceci n'est qu'un résumé des enseignements que j'ai donnés pendant le carême 2008 dans une communauté paroissiale à Paris pour la préparation aux célébrations pascales . Vous comprendrez si je peux pas entrer dans les détails d'une explication ou d'une illustration dans ce langage écrit. Avec les bénéficiaires nous avons eu largement le temps d'échange, de partage, d'aller voir les citations pour explicitation...
La clé de lecture : les béatitudes ne proposent pas simplement des règles de morale universelle, ou un bonheur par delà la mort, elles annoncent le don que Jésus nous fait aujourd’hui. Le schéma proposé par chaque béatitude est donc : Dieu – Moi – Péché – Jésus – grâce (eucharistie) – Esprit (prière). Dieu se donne à moi et comme le péché m’empêche de l’atteindre, Jésus intervient et me fait (don) de sa grâce à travers l’eucharistie (mystère pascal) par l’entremise de l’Esprit Saint. La lecture que nous faisons des béatitudes doit inclure deux corrections à savoir l’ajout de « car » que la traduction française a laissé tombé, pourtant très significatif. Et aussi le pronom « eux » dont nous verrons à la fin l’importance. Une fois ces deux éléments remis en place, nous aurons dont la forme : « Heureux…, car, eux, ils auront (ou obtiendront, ou seront)... L’importance de « car », du texte original, veut dire qu’ils ne sont pas heureux parce qu’ils pleurent, mais parce qu’ils seront consolés. Pas parce qu’ils ont faim et soif…, mais parce qu’ils seront rassasiés. L’accent est mis sur la deuxième partie de la proposition. L’importance de « Eux » du texte original, montre qu’il ne s’agit pas de tous. Les autres ne sont pourtant pas exclus, mais s’ils le désirent, ils savent ce qu’il y a lieu de faire. « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » dira le Seigneur. Il convient de rappeler que les destinataires des béatitudes ce ne sont pas les foules, mais les disciples. Mais les foules sont prises à témoin. Eux aussi entendent ce que dit Jésus. Même si elles n’y adhèrent pas, elles ont de la matière pour juger les actes des disciples. C’est comme un non croyant qui dirait aujourd’hui à un chrétien, ce n’est pas ce que son Seigneur lui demande pourtant de vivre ou de faire (comme l’avait dit Ghandi). Ceci dit, nous passons à l’étude des béatitudes une par une. Il est important de saisir au préalable tout l’enseignement sur la détermination du nombre (combien y a-t-il des béatitudes et pourquoi ? ou encore la structure voulue par l’évangéliste Matthieu, de la « symétrie » dans le 1er tableau, puis du « chiasme » dans le second, à la différence de Luc (6, 20-26) qui utilise une formule lapidaire en termes d’ « heureux » et de « malheureux »…