24.3.08

Homélie du dimanche de Pâques

Dimanche de Pâques : Ac 10, 34a.37-43 ; Col 3, 1-4 ; Jn 20, 1-9
Jésus se libère de liens de la mort .
Tout le monde accepte que Jésus était mort, même les non croyants. Mais dire qu’il est ressuscité est le propre des chrétiens. Nous sommes appelés à rendre compte de la résurrection. La foi n’est pas le fait de croire là où nous n’avons aucune explication à donner. Quand les choses nous dépassent, alors nous croyons seulement. Même l’aveugle-né de Jn 9 a réfléchi lorsqu’il s’est dit « surement c’est un prophète car on n’a jamais entendu qu’un homme ait ouvert les yeux d’un aveugle de naissance », ce qui a fait fâcher les pharisiens qui l’interrogeaient.
Revenons à l’évangile de la résurrection : « c’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il cru. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que jésus ressuscite d’entre les morts. »
A quoi Jean croit-il ? Suivons pas à pas ce cheminement.
1. La pierre est enroulée, Marie Madeleine court alerter Pierre. Pour elle quelqu’un aurait continué peut-être à vouloir faire subir des sévices à Jésus et profaner son corps. Ce que la loi juive et même romaine condamnait, dans quel cas il fallait faire intervenir le pouvoir public. Pierre est ici le pater familias, l’autorité susceptible de mener une telle démarche. Et, Jean, jeune de son état, court plus vite pour veiller à ce que les choses restent intactes et que Pierre fasse le premier ce constat. Ce qui a aussi sur le plan spirituel une grande signification.

2. Les liens de la mort : le linceul et les bandelettes qu’un mort a portés sont des liens de la mort. Liens insupportables que personne ne peut rompre. Lazare était sorti avec les siens. Et Jésus avait demandé à ceux qui étaient là : « déliez-le et laissez-le marcher » (Jn 11, 44). C’est justement là la différence entre Lazare et Jésus. Lazare portera de nouveau ces bandelettes. Ceux-là mêmes qui l’ont délié vont de nouveau le lier à sa mort. Mais Jésus d’en débarrasse une fois pour toute. La mort n’a sur lui aucun pouvoir.

3. Qu’est-ce que Jean a vu ? et à quoi a-t-il cru ? Jean est sensible aux signes. Il s’est sans doute dit que ce n’est pas un vol. Qui aurait pris les précautions d’enlever minutieusement les bandelettes et les poser de côté. Surtout qu’il saignait et qu’on était déjà au troisième jour. Ce qu’il a vu a dû lui faire penser à une Parole à laquelle en fait jusqu’à présent il n’avait pas cru et que maintenant il va croire. C’est possible que ce soit : « détruisez ce temple, et moi en trois jours je le rebâtirai, le texte dit qu’il parlait de son corps et quand il fût ressuscité, à ce moment là les disciples crurent à cette parole ». Commençons par croire en sa Parole "qui croit en moi, même s'il meurt vivra. nous aussi nous sommes appelés à nous débarrasser de liens de la morts, comme Jésus.

Voyez-vous, le tombeau vide n’est pas une preuve de la résurrection. Nous savons que pour les disciples ce sera les apparitions, mais déjà ici Jean nous donne une autre preuve, sa propre parole. Nous sommes invités aujourd’hui à aller proclamer qu’il est vivant. Non, on n’a pas volé le corps, mais qu’il est bien ressuscité. C’est le Kerygme, la Bonne Nouvelle. N’oublions pas que les évangiles ont commencé par là où ils terminent : Il est ressuscité – qui ? Jésus. Qui est Jésus ? Alors le récit commence depuis sa naissance. Allons nous aussi proclamer l’Evangile et apporter la preuve du ressuscité par les actes concrets et quotidiens de notre vie de témoins.

homélie du Vendredi Saint

Vendredi saint : Is 52, 13- 53,12 ; Hé 4, 14-16 ;5,7-9 ; Jn 18,1-19,42)
Quel est le sens chrétien de la souffrance ?
Le salut ne nous atteint que quand la communion de Jésus nous est donnée. La passion de Jésus nous pose une question ? Celle du sens de la souffrance ? Y’a-t-il un sens chrétien de la souffrance ? Surtout quand celle-ci nous tombe de façon tout impromptue et innocente ? Je vous renvoie aux enseignements que nous avons eus pendant le carême à la préparation de pâques (cf. les béatitudes : conclusion, que vous trouverez aussi sur ce blog). Sachons cependant que la croix sans Jésus est insupportable, et en revanche, il n’y a pas de Jésus sans la croix.
La passion de jésus nous situe devant une triple relation de l’Église :
1. Avec le monde de la politique représentée ici par Pilate
2. Avec les autres religions marquées ici par la présence de Caïphe, Anne
3. Avec Elle-même dont les disciples sont les protagonistes (Pierre, Judas, Jean…)
« Mon royaume n’est pas de ce monde » que beaucoup ont confondu avec « dans ce monde » situe la relation entre l’Église et les États dans un sphère parfois d’incompréhension. Il n’est pourtant pas ici question de l’exercice du pouvoir, mais de son origine. Jésus ne tient pas son pouvoir de moyens humains. Son exercice par conséquent n’est pas non plus à la manière de ce monde. Une interprétation erronée de ce passage a fait croire à beaucoup que l’Église ne devrait s’occuper que de ce qui concerne la vie après la mort. C’est un conflit de tout le temps. Avec les autres religions, nous partageons le même sort, surtout là où le temporel et le spirituel sont distinctement établis.
La deuxième relation nous situe en plein dans les relations inter religieuses. Là aussi, depuis la passion de notre Seigneur (évocation faite de l’Église primitive) jusqu’à nos jours, l’histoire nous montre que la paix n’a pas été à portée de mains. Autant avec les religions présentent à cette époque que celles qui viendront après. Dieu soit loué que son Esprit n’a cessé de guider son Église. Grâce au Concile Vatican II, nous pouvons parler aujourd’hui d’une considération pluraliste de religions (Nostra aetate). Et l’Eglise œuvre pour la liberté religieuse et pour la liberté de religions à laquelle Elle a consacré une Déclaration (Dignitatis humanae) . Notre prières est que nous sachions regarder désormais dans la même direction pour la paix dans le monde. Que nous contribuons tous à alléger, tant soit peu, la souffrance de l’homme et lui procurions le salut.
La troisième relation est interne à l’Église. Nous avons été choisis par le Seigneur et avons accepté son appel, autant que Pierre, Judas, Jean… Mais nous sommes aussi les premiers, comme Judas, à le trahir, comme Pierre à le renier… Que de division au sein de l’Eglise ! Dieu merci que certains comme jean, Lui reste fidèles jusqu’aux pieds de la croix. Notre question aujourd’hui, la question de chacun de nous est d’évaluer son attitude devant la croix. Le reniement de Pierre est le rejet de sa solidarité avec Jésus et le reniement de sa qualité de disciple. Comme Pierre, mon reniement aujourd’hui signifie que je ne veux plus suivre les instructions de cet Homme. Je ne veux plus L’imiter. C’est ce qui se manifeste quand Pierre tire le glaive de son fourreau. Il refuse l’enseignement que Jésus venait de lui donner sur « aimez vos ennemis », et sur « comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres ». Comme Pierre, nous vivons dans la peur de nous faire connaître. Combien ont aujourd’hui le courage de se signer ne fût-ce que du signe de la croix en public ?
Prions pour nos croix, la croix de chacun de nous et surtout de ceux qui croupissent de différentes manières, surtout ceux dont la souffrance est dure à supporter : une maladie incurable, un chômage qui dure pendant qu’on a des enfants à charge ; un échec scolaire ; le manque des papiers malgré ses bonnes intentions ; l’âge qui pèse, victime d’une guerre injuste et imposée, la famine due peut-être à la sécheresse malgré l’envie de cultiver, décès d'un être cher... Que Le seigneur nous allège ces fardeaux.

Homélie du Jeudi Saint

Jeudi saint : Ex 12,1-8.11-14 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15.
Le lavement des pieds.

Quelle est la signification théologique et spirituelle du lavement des pieds ?
Jésus lui donne beaucoup d’importance et il en fait un commandement. Ce que Jean retient et qu’il nous rapporte du soir de la cène en lieu et place de l’institution eucharistique que Matthieu, Marc et Luc ont déjà rapportée. Pour comprendre la signification spirituelle de ce geste de Jésus, nous devons commencer par écarter les significations purement matérielles.
1. Ce n’est pas une question d’hygiène. C’est ce premier sens que voit Pierre. Non, pas toi Seigneur, quand-même ! Non, tu ne me laveras pas les pieds. C’était un geste qu’on avait du mal à demander même à son esclave. Notons en outre qu’à l’époque, le sol des maisons n’était ni en carrelage, ni en parquet, mais en terre battu, comme en voit encore aujourd’hui dans le tiers-monde.
2. Ce n’est pas non plus une question de purification. Le deuxième sens que voit Pierre, une fois qu’il croit comprendre la réaction de Jésus. Si tel est le cas, alors pas seulement les pieds. Et le Seigneur de lui dire : « vous êtes déjà purs, mais pas tous ». S’il était question de la purification, Judas, lui aussi s’est pourtant fait laver aussi les pieds.
N’oublions pas que nous chez St Jean, l’évangéliste qui a construit son évangile autour des sacrements. Et si nous devons faire allusion au baptême, il n’est pas une simple purification rituelle, ni une question d’hygiène. La question selon laquelle pourquoi vous ne baptisez pas par immersion trouve ici une de réponse. Le baptême est une grâce qui s’accomplit dès que les éléments constitutifs du sacrement sont réunis et produisent ainsi leur effet indépendamment du ministre qui le fait. Il ne s’agit pas de purifier le corps, mais l’âme.

3. Quel est alors la portée spirituelle de ce lavement des pieds ? Ce geste était posé et est encore posé aujourd’hui par certaines cultures, surtout arabe. Quand on reçoit un étranger, on lui offre une bassine d’eau pour laver les pieds, signe de rafraichissement. Il existe encore dans beaucoup de ville surtout en occident, de fontaines à cet effet, on peut se mouiller la tête, se laver les pieds, avant de continuer sa route. A la maison, il symbolise l’accueil, l’hospitalité. C’est le « make yourself at home ». Ici Jésus le fait lui-même, signe du partage et de la charité.
Certaines traditions l’appliquent autrement (en Afrique par exemple, quand on reçoit un étranger, on commence par lui offrir un verre d’eau). Le lavement des pieds a donc le sens du repos. Repose-toi, maintenant après tout ce que tu as enduré comme fatigue. Et quand c’est offert par le maître de maison, cela a un sens de l’accueil, de l’hospitalité. Je t’introduis dans ma communion. Je te partage mon domaine. C’est le « make yourself at home » des anglais. L’hospitalité et l’accueil sont les premiers signes de la charité. Ils marquent positivement ou négativement tout le séjour. Ou on est accueilli ou on est rejeté. Jésus fait du lavement des pieds un commandement : faites-le les uns aux autres », il a manqué seulement de dire « en mémoire de moi » . Ce que tout chrétien devrait comprendre (vu l’important que lui donne Saint Jean). En réalité, il n’est pas nouveau ce commandement, parce qu’il s’inscrit dans le commandement de l’amour qu’il nous a déjà donné. Qu’est-ce que l’amour sans pardon ? Le lavement des pieds c’est toutes les fois que l’homme voit, non pas l’humiliation qui appelle à la vengeance, mais l’humilité qui le pousse à la demande du pardon. La charité ne peut pas se vivre dans la division, elle ne se vit pas sans la réconciliation. Le lavement des pieds c’est quand « un » Jean Paul II demande pardon au monde de la science reconnaissant l’œuvre de Galilée. Le lavement des pieds c’est quand une Chancelière allemande peut-être capable de tenir un langage nouveau (celui de la réconciliation) et peut parler l’hébreux sur le sol juif et quand les juifs peuvent entendre l’allemand en plein milieu d’un parlement représentatif de tout un peuple.qui l’avait imaginé ? Nous sommes appelés à poser des gestes concrets et chacun de nous porte la responsabilité de l’humanité. De ce qui se passe en Afghanistan, en Irak, au Darfour, en République Démocratique du Congo, en Colombie, au Kenya,… moi chrétien, j’ai quelque chose à dire, j’ai une expression à adresser à qui peut m’entendre, j’ai une prière à faire monter au Dieu des vivants qui meurt en son Fils pour la réconciliation de tout le genre humain. Prenons courage, osons poser ce geste d’abord dans nos milieux de vie pour que le monde change de visage. « Vous m’appelez Maître et Seigneur, je le suis, et pourtant, je vous ai lavé les pieds ; faites-le vous aussi les uns aux autres ». Il n'y a pas de charité sans un oubli de soi; il n'y a pas de charité sans un esprit de service.
Prions pour l’institution du sacerdoce et sa mission dans l’Eglise, prions pour l’institution de l’eucharistie et la réalisation de l’unité du monde dans le respect de religions, prions pour l’institution de la charité fraternelle en ce jeudi saint et pour la réconciliation et la paix dans le monde.

23.3.08

Les Béatitudes (Mt 5, 3-12) : Conclusion

Liberté spirituelle
Nous avons dit dans l’introduction que nous remettions deux éléments importants que la traduction française a laissés tomber du texte original : « car, eux ».
« Car ce sont eux qui seront consolés…, rassasiés…, obtiendront miséricorde… »
Ceci sous-entend, pas les autres. Et quadviendra-t-il alors aux autres ? Rappelons que cet enseignement est l’annonce d’une grâce, et non d’un jugement.
Mt nous donne la réponse dans la controverse du repas que Jésus prend avec les publicains et les pécheurs (Mt 9, 12-13). On peut sous-entendre « Tu ne fais pas la différence, tu devrais plutôt t’occuper de nous, qui sommes bien ». Jésus donne cette réplique très éclairante « ce ne sont pas les gens bien portants, qui ont besoin de médecin, mais les malades, car je ne suis pas venu appeler les justes, (donc, je ne m’occupe pas d’eux), mais les pécheurs ». Si vous êtes des justes, vous n’avez pas besoin de moi, alors que voulez-vous ?
A celui qui est juste, il ne lui manque rien. Si nous sommes justes, alors nous n’avons pas besoin du Sauveur, nous n’avons qu’à passer à côté du message du Christ. Les justes, leur place est au ciel. A nous de voir si c’est notre situation réelle. Ensuite, nous ne pourrons pas faire de réclamations. Cependant, nous savons que Jésus n’a jamais dit « je m’occupe des uns et je condamne les autres ». Il a dit « Je ne suis pas venu pour juger, mais pour sauver »
Si nous nous disons que nous avons besoin de lui, il nous faut faire le chemin des « pauvres en esprit ». Le Christ s’occupera de nous. Nous seront de la catégorie pour lesquelles il est venu. A nous de voir. C’est u processus, nous pouvons le devenir, si nous ne le sommes pas. Nous devons lui demander cette grâce.

Liberté de choix de vie

Le Christ ne procède pas par jugement, mais par élection.
Par jugement ce serait « si vous n’êtes pas doux, vous irez en enfer ». Il ne dit pas cela. Mais par élection : « Moi, pour le moment, je ne m’intéresse qu’aux doux. A eux, j’apporte ça et ça… Je ne m’intéresse qu’aux pauvres en esprit et je leur donne entièrement le Royaume de Dieu. Pour tous les autres, c’est à eux à décider ». Ce n’est pas l’instauration d’une Loi, c’est la révélation d’une préférence, d’une élection qui est toujours une élection par amour.

Les béatitudes instaurent un régime spirituel qui n’est plus celui régi par la crainte du châtiment de la loi, mais qui est de la démarche spirituelle libre et d’un désir spirituel libre. C’est le régime de la liberté spirituelle.

Bref, Les béatitudes ne sont pas simplement des paroles, des principes abstraits. Elles signifient que, tout au long de son ministère, « le christ s’est donné » à ceux à qui il parlait. Les béatitudes sont essentiellement christologiques et eucharistiques. Rien de bon ne peut se faire en nous autrement que « Par lui, avec lui et en lui ».

Nous espérons que ces enseignements aideront chacun de nous à se remettre en question et à bien se préparer pour célébrer « Pâques » en bon disciple du Christ. Joyeuses fêtes pascales à tous, et que Dieu vous bénisse.

22.3.08

Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (2)

Il faut lire ce texte à la suite du précédant : Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (1).
Les versets 12 et 3 s’équivalent : « car, votre salaire est grand dans les cieux », « car à vous appartient maintenant le royaume des cieux ». N'ayons pas peur de l'expression salaire. Certains ont traduit "récompense", comme à un enfant à quiont dit de faire des efforts en classe, car un cadeau l'attend après les résultats. Il s'agit bien d'un salaire que mérite un ouvrier (l'ouvrier mérite son salire a dit le Christ à ses disciples)
C’est parce qu’il accomplit une mission de prophète, que le disciple a un salaire dans les cieux. C’est le travail de la réalisation de la justice qui est souvent fait au risque de sa propre vie. Il ne s’agit pas ici du don de prophétie dont parlent les Actes des Apôtres, et qui n’est donné qu’à quelques uns.
Ce verset explique la suite du chapitre 5 : comme l’ont été les prophètes, vous maintenant vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. C’est le même « vous » (de la 2e personne) que nous retrouvons aux versets 11 et 12. Il s’agit du témoignage. Pour tout chrétien, le témoignage est fondamental. C’est la base de sa mission. « Etre lumière du monde à travers ses actes ». Lesquels ? Ceux qui glorifient le Père que Jésus évoque dans tout le chapitre 5, 6 et 7. Dont la conclusion se trouve dans 7, 28 : « Or quand Jésus eut achevé ces instructions, les foules restèrent frappées de son enseignement ; car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme leurs scribes ». Dieu dont l'amour est infini, prends pitié de ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Soulage leur douleur et donne-leur de croire en ton amour. Gloire soit rendu au Père et au Fils et au Saint-Esprit pour les siècles des siècles, Amen !

Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (1)

2e Tableau : 5, 10-12 (le tableau relatif aux persécutés)
Rappelez-vous que nous avions parlé du 1er tableau (Mt 5, 3-9) dans la 1ère béatitude.
Dès l’AT l’homme devrait aller vers Dieu par la pratique d’une justice parfaite. Israël n’y a pas cru et a rompu cette alliance. Il fallait alors que Dieu vienne nous donner sa propre justice. La justice parfaite devrait descendre du ciel. Dieu doit nous sauver et de notre péché, et des malheurs extérieurs. Ce qu’il fera par l’incarnation. C’est ce qu’annonce Isaïe dans le chant au serviteur souffrant : « le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes en s’accablant lui-même de leurs fautes » (Is 53,11). Ce que nous trouvons dans la 4e béatitude.

Persécution et souffrance innocente.
La vocation de l’alliance est aussi d’alléger la souffrance. Dieu s'engage à réaliser pleinement le bonheur de l’homme par le don du royaume. Une joie nous est donnée qui est celle de la foi et de l’espérance. Grâce à sa confiance en Dieu, l’homme reçoit, dès à présent, une paix et une joie intérieures qui lui permettent de mettre ses souffrances, en communion avec celles du Christ. Rester son disciple, chercher à l’imiter, entraînera nécessairement, la même haine que celle qu’Il a rencontrée. Et les mêmes tourments que ce dont il a souffert. Chiara Lubich (la fondatrice des focolares, qui vient de rejoindre la Maison du Père ) disait : "On ne peut pas aimer la souffrance pour elle-même, parce qu’elle est un non-être… La douleur est toujours une négation. Par contre, c’est Jésus crucifié et abandonné que nous pouvons aimer. Il est présent en toute souffrance et en toute personne qui souffre." (La souffrance, 2e édition, nouvelle cité, Montrouge, 1998, p. 18)
« Heureux les persécutés, à cause de la justice » est indissociable de « vous, à cause de moi ». La subtilité de la tentation, c’est d’opposer la notion même de l’amour de Dieu à la notion de la souffrance et spécialement de la souffrance innocente. Nous retrouvons le problème du bonheur, problème tout à fait fondamental de l’esprit humain. « Si Dieu m’aime, Il devrait me rendre heureux. Et si vraiment Il m’aime, il ne peut pas supporter que je souffre. Et si je souffre, c’est qu’Il ne m’aime pas et qu’Il n’est pas juste ! ». Et la conséquence est que nous risquons de perdre la foi. Poser ainsi ce problème, c’est utiliser ce thème de l’amour de Dieu contre Dieu. Nous ne devons pas oublier que Dieu a dit à notre baptême, « tu es mon fils ». Tout chrétien est soumis à ce type de tentation. A cause de son amour, nous sommes appelés à prendre aussi part à la souffrance innocente, comme lui dans le chant du serviteur souffrant du prophète Isaïe (52,12 - 53, 13).
Humainement, il nous est difficile de le comprendre ; spirituellement, nous sommes tentés par le diable pour renier Dieu. Cela veut dire que notre idée de Dieu doit se transformer et il n’y a que le Christ qui puisse nous communiquer, par l’Esprit, son idée de Dieu, parce que, Lui, Il connaît et comprend le Père. (lire la suite dans Relatif aux persécutés : Mt 5, 10-12 (2))

7e béatitude : Mt 5, 9

7e « Heureux les pacificateurs, car ils seront appelés Fils de Dieu » v.9
Le fait d’instaurer la paix est une prérogative du Messie (Cf. Is 9 et 11). C’est la fonction du Messie d’instaurer la paix définitive (Mt 24). Or le propre du Messie est d’être appelé « Fils de Dieu » Ps 2, 6-7 : «Dieu a sacré, a oint son Messie sur la montagne Sainte et lui a dit «tu es mon fils bien-aimé, Moi, aujourd’hui, Je t’ai engendré ». Le titre de Fils de Dieu revient à tout ceux qui participent à ce rôle messianique d’’instauration de la paix (pas à la manière de ce monde avec les armes, les rebellions et les coups d'Etat). Ce pouvoir royal messianique d’instauration de la paix est en rapport avec le royaume (d'où sa symétrie avec la 1ère béatitude). Ceux qui exerceront ce pouvoir du royaume qui leur est donné, seront reconnus comme Fils de Dieu. Si nous imitons Dieu dans sa miséricorde, nous serons heureux du bonheur même de Dieu.
Conclusion : Dès l’AT, le thème du bonheur est enraciné dans cette conviction de foi que Dieu est le bonheur parfait, et il veut partager ce bonheur à son peuple. Cette paix, les fils l'instaurent d'abord autour d'eux : en famille, en communauté, en société, ...
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, et que son visage s'illumine sur nous, Amen.

6e béatitude : Mt 5, 8

6e « Heureux les cœurs purs, car, eux, ils verront Dieu » v.8
Nous sommes encore ici, en rapport avec toute la théologie de l’Alliance. Dans l’Alliance, il est question de voir Dieu. C’est la vision béatifique de Dieu face à face. Comme Moise au Mont Sinaï (Ex 24, 9-10) : cette vision béatifique fait partie des promesses de l’Alliance. L’observation de l’Alliance dont le résumé est « tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur » est le propre des cœurs purs, car le cœur est le siège de l’amour. Le cœur pur est le cœur qui n’est pas partagé entre les différents amours, il est tout entier à Dieu, unifié et pur. La pureté du cœur, c’est cet amour total, pour Dieu, dans l’Alliance. C’est ce que Matthieu nous dit « nul ne peux servir deux maître… » (6, 24). Cest ce qui fait dire à Jésus le soir de la cène, à Pierre : "vous êtes purs, mais pas tous" (allusion faite à Judas). Les cœurs purs verront Dieu. Cette vision n’est réalisable qu’avec la résurrection. Lorsque l’Ecriture parle de la résurrection, elle l’aborde toujours les deux aspects : la résurrection du corps et la vision béatifique de l’âme. Quand ? Aujourd’hui déjà et dans un futur proche. La question de Philippe nous donne ici la réponse : « Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit » et la réponse de Jésus : « depuis longtemps que je suis avec vous, Philippe, tu ne me connais pas ! Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 8-9) La 6e béatitude forme une symétrie avec la 2e et peuvent se lire ainsi : "bienheureux ceux qui se lamentent, ils recevront comme consolation, la résurrection des corps" (avec le pardon des péchés) », et "bienheureux les cœurs purs ils recevront ce qui accompagne la résurrection des corps et qui est la vision béatifique pour l’âme." Donne-nous Seigneur un coeur pur et rends-nous digne de la vision béatitfique du Père dont tu es le sacrement, toi qui vis et règnes avec Lui et le Saint-Esprit, Amen !

5e béatitude : Mt 5, 7

5e « Heureux les miséricordieux, car, eux, ils obtiendront miséricorde » v.7
Cette 5e béatitude est en parallèle avec la 3e, car les doux et les miséricordieux sont synonymes. « Heureux le miséricordieux, « Heureux les cléments ». Il faut la lire dans la continuité du commentaire que nous venons de faire de la 3e béatitude. Le chapitre 7 de Matthieu explique en quoi consiste cette 5 e béatitude. Le texte est au passif « car il leur sera fait miséricorde ». Tournure identique de la formule que nous trouvons dans Mt 7, 1 : « Ne jugez pas, pour n’être pas jugés » ; ou encore « avec la mesure dont vous mesurez, il vous sera ainsi mesuré » (Mt 7,2). Ce qui signifie « ne jugez pas autrui et Dieu ne vous jugera pas » ; faites miséricorde à autrui et Dieu vous fera miséricorde ». Si nous faisons miséricorde, nous sommes déjà du côté de Dieu. Le partage du royaume que le Père nous fait, doit nous faire agir comme lui, c'est la preuve par excellence de cette possession du Royaume. C'est ainsi que le monde reconnaît facilement et s'écrie :"c'est un homme de Dieu". Ce qui signifie : il agit comme Dieu le veut ! Pour ne pas dire qu'il agit comme Dieu. Seigneur, fais nous ce don de la miséricorde pour nos frères, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles, Amen !

4e béatitude : Mt 5, 6

4e « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car, eux, ils seront rassasiés » v.6
Pourquoi utiliser l’image de la faim, de la soif et ensuite du rassasiement pour évoquer cette promesse de la justice ? Pourquoi des éléments aussi vitaux pour parler de la justice ? c'est qu'elle est aussi vitale ! Ou que cet élément dont il faut se rassasier est aussi vital ? Et oui, ce n'est pas moins vrai. Cette béatitude doit se lire ainsi : Ceux qui ont faim et soif de devenir justes, seront rassasiés. Mais par qui ? Par Jésus lui-même, car Jésus et la justice reviennent au même. Comme nous l'avons vu avec le "Royaume" dans la première béatitude, Jésus est la Jsutice. Pour s’en convaincre voyons les versets 10 et 11 : « bienheureux les persécutés à cause de la justice »... « Vous les persécutés à cause de moi ». A cause de la justice devient à cause de Moi. Jésus est la Justice parfaite incarnée du royaume qui se communique à nous, en se donnant comme à manger et à boire, dans l’eucharistie. C'est par son corps et son sang que nous sommes rendus justes, que nous sommes justifiés., que nos péchés sont pardonnés, que nous avons le salut. "heureux ceux qui ont faim et soif de Moi, la justice, ils seront rassasiés par moi à travers mon corps et mon sang que je leur donnerai". Les pauvres mangeront, ils seront rassasiés, ils loueront le Seigneur , ceux qui le cherchent. Oui, comme le dit le prophète Isaïe : "le juste mon serviteur, justifiera la multitude". Seigneur, donne-nous cette faim et cette soif de ton corps et de ton sang. Rends-nous dignes du Royaume. Amen !

3e béatitude : Mt 5, 4

(Nous avons suivi l'ordre original de l'Evangile ou la béatitude de doux vient après celle de ceux qui pleurent. Ainsi cette béatitude forme une symétrie avec la 5e qui est celle des miséricordieux).
3e « Heureux les doux, car, eux, ils recevront la terre en partage » v.4
Héritage à comprendre comme répartition des biens, comme partage. Au temps de Josué, il y avait cette promesse et le texte en fait allusion ici. Le jeune riche, lui, demande ce qu’il doit faire pour avoir en partage la vie éternelle (cela a le même sens) (Mt 19, 16 ; Mc 10,17 ; Lc 18,18). La terre dont il est question, c’est la terre promise. Matthieu parle de la terre – s’agit-il de la terre promise ou du cosmos ? Les doux, il en est question dans Mt 11, 28-29 « venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos… car je suis doux et humble de cœur». Il ne s’agit pas seulement de la douceur de caractère, mais aussi de la clémence dans le jugement. Zacharie dit du Messie lors du cortège des rameaux : « réjouis-toi fille de Sion, voici ton roi qui vient, il est juste et victorieux, doux, monté sur un âne, il retranchera le cheval de la guerre, il annoncera la paix aux nations » (Za9, 9-10). Israël avait peur du jugement. Et le prophète précise, plutôt que d’avoir peur, réjouis-toi car il sera doux. Le royaume avait été déjà donné aux pauvres (1ère béatitude), pourquoi est-il encore donné aux cléments ? Parce que le désir de Dieu est de voir s’instaurer un règne de clémence, de miséricorde et de grâce et non de jugement impitoyable. C’est à ceux qui sauront exercer ce type de règne, que Dieu confie ce pouvoir, comme Il veut et comme le Christ veut. Seigneur, donne-nous la douceur dans notre agir et la clémence dans nos décisions à prendre. Que nous comprenions, même si nous ne pouvons être compris. Grâce soit rendu à Dieu, par le Fils et dans l'Esprit. Amen

2e béatitude : Mt 5,5

2e béatitude : « Heureux ceux qui se lamentent, car, eux, ils seront consolés » v.5
La consolation est ce qui recrée l’espérance, avec certitude, lorsque nous sommes dans la détresse. Lorsque nous sommes en difficulté, le simple fait de savoir que quelqu’un vient à notre secours, nous réjouit déjà. C’est cela la joie de l’espérance. Le mot consolation donne le mot « consolateur », qui se dit en grec : « paraclet ». Dans la pensée juive, le paraclet est le Messie (celui qui doit venir). Il vient apporter la consolation à Israël. Jésus va s’installer à Capharnaüm dont le nom signifie « village de la consolation ». Car il vient apporter la consolation à la détresse humaine. Malgré le futur, cette consolation est pour maintenant car Jésus se donne maintenant. Mais ce futur est aussi le futur immédiat, celui de notre vie. Le futur commence dans notre vie présente pour se terminer dans l’éternité. Pleurs ou lamentations dont il est question ne s’agit pas de l’affliction, de la tristesse humaine ordinaire uniquement. Pour savoir sur quoi portent les lamentations, il faut aller voir du côté des lamentations de Jérémie dans l’AT. Les lamentations de Jérémie correspondent effectivement à une confession de péché (les péchés d’Israël qui se détourne de Dieu). On se lamente sur ses péchés. C’est une démarche de conversion. Affliction spirituelle en confrontation avec la justice de Dieu. La consolation de ceux qui se lamentent sur leurs péchés sera justement, le pardon de leurs péchés. Jésus va leur pardonner leurs péchés dans un futur proche jusque dans l’au-delà de la mort.
Les pleurs de Rachel à Rama qui ne veut pas être consolée pour ses fils perdus (Jr 31,15 ; Mt 2,18) et Yahvé lui dit « Cesse ta plainte, sèche tes yeux ! Ils vont revenir tes fils, sur leur territoire » (Jr 31, 16-17). C’est donc la résurrection qui sera la consolation. « Ceux qui ont le désir de voir Dieu avec un cœur pur, ceux-là verront Dieu face à face ». La résurrection des morts sera la consolation de ceux qui pleurent l’un de leurs maintenant, c’est le futur eschatologique. Il y a là une autre dimension de l’espérance.
Consolation par la résurrection, mais aussi consolation par l’Esprit Saint : Jésus est le paraclet, le consolateur par excellence. « Courage », « n’ayez pas peur » sont des paraclèses = la fonction du paraclet. Mais Jésus enverra un autre paraclet : « Je ne vous laisse pas orphelins, je vous enverrai un deuxième paraclet, l’esprit de vérité » (Jn 14,16-17). Seigneur Jésus, fais nous vivre dans l'espérance du paraclet, il sera notre coach, et nous l'écouterons pour réussir. C'est lui qui nous apprends à dire Abba, Père. Et c'est ce Père qui nous a attiré vers toi.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, Amen.

19.3.08

1ère béatitude : Mt 5, 3

Il est bon de lire avant tout l'introduction aux béatitudes que vous trouvez sur les liens ci-dessous.
Nous commençons par le 1er Tableau Mt 5, 3-9 (les 7 béatitudes), puis le 2nd : Mt 5, 10-12 (la Béatitude des persécutés).
1er Tableau : Mt 5, 3-9 (Les 7 béatitudes)
1ère béatitude : « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux » v. 3
Le Royaume qui appartient à Dieu, appartient désormais aux pauvres en esprit. Nous ne sommes plus sous la condition de la loi, mais de la grâce. C’est le passage de la loi (AT) à la grâce (NT). Les pauvres en esprit sont ceux qui présentent une attitude spirituelle de pauvreté. Une expression classique disait les pauvres de Yahvé. Ceux pour qui la seule et l’unique richesse, c’est Dieu et sa grâce. Grâce que nous cherchons auprès du Christ. Le Royaume qui est donné maintenant c’est la puissance que Dieu remet aux pauvres en esprit, comme moyen d’action, pour qu’ils agissent pour arriver à la perfection voulue par Dieu, pour eux. Ils peuvent faire de ce Royaume ce qu’ils veulent. Il n’est pas donné aux puissants, sinon ils vont en abuser. Ce que disent les pauvres en esprit, Dieu l’exécute. Parce qu’il partage avec eux son royaume, et cela dès à présent (le royaume des cieux est à eux). C’est le « que veux-tu que je fasse pour toi ? Seigneur que je vois. Vois ta foi t’a sauvé » de Mt 20,32. C’est le « qui demande et croit, l’a déjà obtenu » - il est l’équivalent de la foi dont parle Jésus : si vous en aviez gros comme le grain de moutarde, vous diriez à cette montagne, va te jeter dans la mer, elle vous obéirait. Ce royaume nous est donné maintenant. Pour notre salut. Pour que les tirans n’en abusent pas, il est donné aux pauvres de Yahvé.
Le Christ et le Royaume sont « un » (comme en arithmétique : 1/1 = 1). Nous pouvons le voir dans la parabole du scribe devenu « disciple du Royaume » (Mt 13,52). En effet, on n’est jamais disciple d’une idée, mais d’une personne. Disciple du Royaume signifie disciple du Christ. Ce dernier étant lui-même royaume de Dieu. Dans Luc 17,21, à la question « quand viendra le fameux Royaume de Dieu ? » Jésus répond : « la venue du Royaume ne se laisse pas observer, et l’on ne dira pas « il est ici » ou « il est là !» car voici que le royaume de Dieu est au milieu de vous ». Et c’est Jésus qui est parmi eux, comme à la cène. Le royaume est déjà dans la personne de Jésus.
« Bienheureux les pauvres en esprit, car Moi, Jésus, en tant que Royaume et Règne de Dieu présent ici-bas sur terre, Je me donne maintenant à eux ».
Puis-je être compté parmi ces pauvres en esprit ! Grâce soit rendu à Dieu, par Jésus, dans l’Esprit.

17.3.08

Les Béatitudes (Mt 5, 3-12) : Introduction

Nous étudierons les béatitudes une par une. Quelques considérations nous semblent de prime abord importantes. Ceci n'est qu'un résumé des enseignements que j'ai donnés pendant le carême 2008 dans une communauté paroissiale à Paris pour la préparation aux célébrations pascales . Vous comprendrez si je peux pas entrer dans les détails d'une explication ou d'une illustration dans ce langage écrit. Avec les bénéficiaires nous avons eu largement le temps d'échange, de partage, d'aller voir les citations pour explicitation...
La clé de lecture : les béatitudes ne proposent pas simplement des règles de morale universelle, ou un bonheur par delà la mort, elles annoncent le don que Jésus nous fait aujourd’hui. Le schéma proposé par chaque béatitude est donc : Dieu – Moi – Péché – Jésus – grâce (eucharistie) – Esprit (prière). Dieu se donne à moi et comme le péché m’empêche de l’atteindre, Jésus intervient et me fait (don) de sa grâce à travers l’eucharistie (mystère pascal) par l’entremise de l’Esprit Saint. La lecture que nous faisons des béatitudes doit inclure deux corrections à savoir l’ajout de « car » que la traduction française a laissé tombé, pourtant très significatif. Et aussi le pronom « eux » dont nous verrons à la fin l’importance. Une fois ces deux éléments remis en place, nous aurons dont la forme : « Heureux…, car, eux, ils auront (ou obtiendront, ou seront)... L’importance de « car », du texte original, veut dire qu’ils ne sont pas heureux parce qu’ils pleurent, mais parce qu’ils seront consolés. Pas parce qu’ils ont faim et soif…, mais parce qu’ils seront rassasiés. L’accent est mis sur la deuxième partie de la proposition. L’importance de « Eux » du texte original, montre qu’il ne s’agit pas de tous. Les autres ne sont pourtant pas exclus, mais s’ils le désirent, ils savent ce qu’il y a lieu de faire. « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » dira le Seigneur. Il convient de rappeler que les destinataires des béatitudes ce ne sont pas les foules, mais les disciples. Mais les foules sont prises à témoin. Eux aussi entendent ce que dit Jésus. Même si elles n’y adhèrent pas, elles ont de la matière pour juger les actes des disciples. C’est comme un non croyant qui dirait aujourd’hui à un chrétien, ce n’est pas ce que son Seigneur lui demande pourtant de vivre ou de faire (comme l’avait dit Ghandi). Ceci dit, nous passons à l’étude des béatitudes une par une. Il est important de saisir au préalable tout l’enseignement sur la détermination du nombre (combien y a-t-il des béatitudes et pourquoi ? ou encore la structure voulue par l’évangéliste Matthieu, de la « symétrie » dans le 1er tableau, puis du « chiasme » dans le second, à la différence de Luc (6, 20-26) qui utilise une formule lapidaire en termes d’ « heureux » et de « malheureux »…

16.3.08

Méditation du Dimanche des rameaux (Mt 26,14 - 27,66)

Gethsémani, Golgotha, Eli Eli lama sabactani,... pourquoi la souffrance innocente de nos jours ?
Mettons-nous dans la peau de Jésus pour sentir avec Lui cette angoisse qui l'accablait ce jour-là. C'est l'angoisse qui nous arrive devant la maladie, la souffrance, l'échec, la mort. C'est cette même tristesse qui nous habite. Posons-nous cependant la question de savoir pourquoi Jésus a-t-il prié ce jour-là ? pour que cette coupe passe loin de lui et nous savons la conclusion : "non pas ma volonté, mais la tienne, Père". ( Hé 5,7 nous dit qu'il a été exaucé). Nous devrions cependant, nous poser autrement la question : "pour qui Jésus a-t-il prié ce jour là ?" - pour tous ces disciples qui tomberaient dans le scandale à cause de sa croix et de sa mort. Ils étaient pourtant avertis ceux-là, dont les disciples Pierre, Jacques et Jean sont ici représentatifs. "Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute (...) mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée". Pauvres hommes, leur seule conviction de ne jamais abandonner le Seigneur ne suffisait pas. Même si tout le monde t'abandonne, moi, jamais, dit Pierre... "Ainsi donc, vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi ? L'esprit est ardent, mais la chair est faible, veillez donc pour ne pas entrer en tentation". La tentation du reniement : "je ne connais pas cet homme, je vous l'adjure". C'est le scandale qui nous hante devant toute souffrance surtout innocente. Les pleurs de Jésus comme nous les voyons dans Jn 11,35 (le court verset de la bible : "Et Jésus pleura"), sont pour ceux qui l'entourent. Aux femmes de Jérusalem il dit : "Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants". C'est comme une mère qui pleure, à sa mort pour ces enfants, pensant dans quel état elle les laisse par rapport à leur foi. Combien ne pleurent pas aujourd'hui, de leur vivant, de voir leurs enfants s'éloigner des sacrements, sombrer dans l'alcoolisme, mourir de la dépression et autres fléaux de nos jours. J'ai prié pour toi Pierre, dit Jésus, quand tu seras revenu de ton reniement, raffermis tes frères. Quelle attitude avons-nous à adopter devant la souffrance innocente? la nôtre, et celles de nos frères et soeurs ? "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" doit s'entendre surtout dans le sens, non pas de "qu'est-ce que j'ai fait pour que tu m'abandonnes?" Mais surtout "Dans quel but tu m'abandonnes ?" C'est par la croix - la mort - et la résurrection du Seigneur que nous avons la vie. Pâques sera pour nous la résurrection si nous entrons avec Jésus, dans sa passion, avec un coeur paisible, notre croix étant transformée de l'occasion de chute en un moyen de salut.

5.3.08

Expansion de la Congrégation (les 100 premières années : 1849-1949)

Fondée en 1849 (le 16 juillet), la congrégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie se développait lentement : elle avait reçu l'approbation civile (9 juillet 1859) et ses constitutions avaient été approuvées par Rome le 21 novembre 1860 et définitivement reconnues le 27 février 1866 ; l'approbation perpétuelle, donnée le 11 février 1870, fut confirmée le 2 mai 1870. D'abord établie au séminaire de Vich, puis installée dans l'ancien couvent des Carmes, la congrégation, dirigée depuis 1858 par le P. Xifré (le premier à étendre la congrégation au delà de l'Espagne. Il fut le deuxième Supérieur Général (après le P. Etienne Sala), et le demeura pendant 41 ans (1858-1899), il fonda à Barcelone (1860) et dans d'autres villes espagnoles avant d'ouvrir des maisons à l'étranger : en France (1869), au Chili (1870), à Cuba (1880), en Guinée-Équatoriale (1883), en Italie (1884), au Mexique (1884), au Brésil (1895), au Portugal (1898), en Argentine (1901), aux Etats-Unis (1902), en Uruguay (1908), en Colombie (1909), au Pérou (1909), en Autriche (1911), en Angleterre (1912), en Bolivie (1919), au Vénézuéla (1923), à Saint-Domingue (1923), au Panama (1923), en Allemagne (1924), au Sao-Tomé et Principe (1927), au Venezuela ( 1928), en Pologne (1932), en Chine (1933), au Perou (1933), en République Dominicaine (1938), au Porto-Rico (1946), aux Philippines (1947), en Belgique (1949), à suivre...


La fondation de la France fut occasionnée surtout par l'exil des clarétains après la révolution de 1868. Révolution au cours de laquelle un prêtre de la congrégation fut assassiné (le P. François Crusats :30 septembre), le nouveau gouvernement ferma les six maisons espagnoles et les missionnaires s'exilèrent à Prades.

Aujourd'hui, les Clarétains comptent 5 Maisons en France : Paris, Toulouse, Perpignan, Narbonne, Marseille.

Biographie de Saint Antoine-Marie Claret

Cinquième des onze enfants du tisserand Jean Claret et de Joséphine Clara, Antoine naquit le 23 décembre 1807, à Sallent, dans le diocèse de Vich, en Catalogne (Espagne). En même temps qu'il s'initiait au métier de tisserand, il étudiait le latin avec le curé de sa paroisse qui lui donna une solide formation religieuse et une tendre dévotion à la Sainte Vierge ; à dix-sept ans, son père l'envoya se perfectionner dans une entreprise de Barcelone où, aux cours du soir, il apprit, sans abandonner le latin, le français et l'imprimerie. Lors d'une ´prédication, alors qu'il était à la messe et que les idée des machines lui tournaient dans la tête, comme il nous arrive parfois de ces distractions qui nous préoccupent tant, il entendu ce passage de l'évangile : "QUE SERT À L'HOMME DE GAGNER LE MONDE ENTIER, SIIL VIENT À PERDRE SON ÂME (Mc 8,36). il décida à se faire chartreux mais, sur les conseils de son directeur de conscience, il choisit d'entrer au séminaire de Vich (29 septembre 1829). Tonsuré le 2 février 1832, minoré le 21 décembre 1833, il reçut le sous-diaconat le 24 mai 1834, fut ordonné diacre le 20 décembre 1834 et prêtre le 13 juin 1835. Il acheva ses études de théologie en exerçant le ministère de vicaire puis d'économe de sa ville natale.
Désireux de partir en mission, il se rendit à Rome pour se mettre à la disposition de la Congrégation de la Propagande. Le cardinal préfet étant absent, Antoine suivit les Exercices de saint Ignace chez les Jésuites qui lui proposèrent d'entrer dans leur compagnie. Il commença son noviciat (2 novembre 1839) qu'une plaie à la jambe l'obligea à quitter (3 mars 1840), signe que le Seigneur ne l'appelait pas là, selon son Maître du noviciat. Une fois revenu en Espagne, il fut guéri et se consacra à l'évangélisation de son pays.
Il fut curé de Viladrau où, à peine arrivé, pour le 15 août, il prêcha une mission qui eut tant de succès qu'on le demanda ailleurs et l'évêque le déchargea de sa cure pour qu'il se consacrât aux missions populaires (mai 1843) ; il prêcha et confessa dans toute la Catalogne et soutint ses prédications par plus de cent cinquante livres et brochures. Sa vie étant menacée (vu le contexte politique de son époque), l'évêque l'envoya aux îles Canaries (février 1848 à mars 1849) où il continua son ministère missionnaire. Avec cinq prêtres du séminaire de Vich, il fondait la congrégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie ou Missionnaires Clarétains (16 juillet 1849 en la fête de Notre Dame du Mont Carmel) dans le but de propager l'Évangile.
La même année de la fondation de son nouvel Institut de Missionnaires, Pie IX le nomma archevêque de Santiago de Cuba dont le siège était vacant depuis quatorze ans ; il fut sacré le 6 octobre 1850 et ajouta le nom de Marie à son prénom ; il s'embarqua, le 28 décembre 1850, à Barcelone, et arriva dans son diocèse le 16 février 1851, dans les conditions de cette époque. Il s'efforça d'abord d'instruire le peu de prêtres de son diocèse (vingt-cinq pour quarante paroisses) et de leur assurer un revenu suffisant ; il fit venir des religieux ; il visita son diocèse et y prêcha pendant deux ans où il distribua 97 217 livres et brochures; en six ans, il visita trois fois et demi son diocèse où il prononça 11 000 sermons, régularisa 30 000 mariages et confirma 300 000 personnes. Il fonda une maison de bienfaisance pour les enfants et les vieillards pauvres où il attacha un centre agricole ; il créa 53 paroisses et ordonna 36 prêtres. Les esclavagistes lui reprochaient d'être révolutionnaire, les autonomistes lui reprochaient d'être espagnol et les pouvoirs publics lui reprochaient d'être trop indépendant : il n'y eut pas moins de quinze attentats contre lui et l'on pensa que le dernier, un coup de couteau qui le blessa à la joue, lui serait fatal (1° février 1856 à Holguin).
Le 18 mars 1857, l'archevêque fut rappelé en Espagne par la reine Isabelle qui le voulait pour confesseur et il fut nommé archevêque titulaire de Trajanopolis sans pour autant cesser d'assurer de Madrid l'administration de Cuba. Confesseur de la Reine, il eut assez d'influence pour faire nommer de bons évêques, pour organiser un centre d'études ecclésiastiques à l'Escurial et pour imposer la morale à la cour. Voyageant avec la Reine à travers l'Espagne, il continua de prêcher et ne manqua pas de s'attirer la haine des nombreux ennemis du régime. Quand Isabelle II fut chassée de son trône (novembre 1868), Mgr. Claret y Clara n'eut d'autre solution que de s'exiler en même temps que la reine en France : il quitta définitivement l'Espagne le 30 septembre 1868.
En France, il eut de serieux problème de santé. Il s'occupa de la colonie espagnole de Paris ; le 30 mars 1869, il partit pour Rome, afin de participer aux travaux du premier concile du Vatican, mais il y tomba si malade qu'il dut se retirer à Prades où il arriva le 23 juillet 1870. Il parut pour la dernière fois en public à la distribution des prix au petit séminaire où il fit un discours en Catalan (27 juillet 1870). L'ambassadeur d'Espagne demanda son internement mais le gouvernement français fit en sorte que l'évêque de Perpignan l'avertît et, lorsqu'on vint l'arrêter (6 août 1870), il était réfugié chez les Cisterciens de Fontfroide où il mourut le 24 octobre 1870. Il fut béatifié en 1934 et canonisé le 7 mai 1950, par le Pape Pie XII.Cette année 2008, nous célébrons le bicentenaire de sa naissance. Une année jubilaire que nous placons sous le signe de la redecouverte de l'identité clarétaine. Notre prière est qu'à l'image de Saint Claret, le Seigneur envoie de nombreux évangélisateur pour le salut des hommes du monde entier. Sa dévise fut : "CHARITAS CHRISTI URGET NOS" (l'amour du Christ nous presse). Que le feu de cet amour de Dieu nous embrase, afin que nous le transmettions à notre tous partout dans notre entourage.