13.4.08

4e Dimanche de Pâques

Ac 2, 14a.36-41 ; 1P 2, 20b-25 ; Jn 10, 1-10
Jésus le Bon Pasteur – Jésus la porte du bercail.

Frères que devons-nous faire (L1)? La première lecture nous implique dans les crucifixions d’aujourd’hui, dans le monde. La conversion n’est pas une question d’une fois pour toute : nous sommes baptisés = nous sommes convertis, c'est tout ! La conversion c’est chaque jour de notre vie. C’est quand nous tournons notre regard vers le Seigneur. Quand nous sommes prêts à soumettre notre vie à son contrôle et attendre ce qu’il nous en dit. Lui le Bon Berger, Lui Notre Seigneur (L2).

De l’Evangile de Saint Jean, Jésus nous dit :
Le pasteur c’est Lui ;
La porte c’est aussi Jésus
Comment concilier les deux images ?
Nous devons avoir en esprit les circonstances qui ont fait tenir ce discours à Jésus. Le chapitre 10 de Saint Jean suit la guérison de l’aveugle-né (ch.9) que les pharisiens ont bouté dehors. Ce jeune homme était maintenu sous le poids de la loi. Et ce chapitre 9 vient après celui où Jésus dit "la vérité vous rendra libre" (Jn 8), et ici, il est question de cette liberté pour les brebis qui vont entrer et sortir paître librement.
Dans un premier temps Jésus se présente comme le bon berger. « Je suis le Bon Berger ». Il est connu du portier qui lui ouvre. Le portier c’est le Père. Jésus se soumet au contrôle du Père. Il ne fait rien qu’il n’apprend du Père. De là découlent les trois critères qui peuvent nous aider à reconnaître, de tous les temps, le bon berger. C’est Jésus Lui-même qui nous les donne :
1. Le contrôle : S’évaluer par rapport à la volonté du Père. Se soumettre à son contrôle. « Non pas ma volonté, mais la tienne ». Jésus ne fait rien qui ne plaise au Père. Le pasteur doit se soumettre continuellement au contrôle de la Parole de Dieu. Comment la vit-il lui-même avant de la transmettre aux autres ?
2. La croix : « je donne ma vie pour mes brebis ». Un pasteur qui ne sait pas prendre lui-même sa croix, n’est pas digne de se voir confier les brebis. Ici c’est Jésus qui devient le critère pour nos pasteurs d’aujourd’hui. C’est le « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu » ? que nous avons au ch. 21 de Saint Jean. Se mettre au devant du troupeau, c’est donner l’exemple à suivre.
3. Le pastorat : savoir assumer sa charge pastorale. « j’ai des brebis qui ne sont pas de cet enclos, il faut que j’aille les chercher, celles-là aussi », dit le Seigneur. La pastorale ne doit pas se limiter aux quatre murs de la chapelle. Ceux-là sont mes fidèles… Le curé n’a pas de fidèles, ce sont les fidèles du Christ. La preuve en est qu’il ne peut jamais présenter une liste et dire j’ai autant de fidèles. Le Christ lui, les connaît chacun par son nom, d'où qu'il vienne, où qu'il soit. Osez demander à un curé les noms de ses paroissiens... Il va se rappeler de 10, 15 et peut-être 20 tout au plus. Il est pourtant appelé à les connaître.
Le pastorat, c’est le risque à prendre en avançant au large pour jeter le filet comme le demande le Seigneur à ses disciples. Là où notre propre vie est en danger. Les pêcheurs savent que les poissons on les prend au bord du lac ou de la mer, là où, ils viennent se nourrir, où ils viennent poser leurs oeufs. Mais les chercher en eau profonde, non seulement il ya un risque de chavirer, mais aussi, il y a peu de chance de les avoir. Et pourtant c’est là que le Seigneur nous envoie. Chez ceux que nous considérons comme les plus païens de tous : les prostitués, les drogués,… C’est dire que ce n’est pas par l’effort du pêcheur que le poissons se prennent, mais par la seule grâce du maître.

Venons-en à la deuxième image, celle de la porte. Jésus dit : « je suis la porte ».
La porte suppose une clôture, un mur, un enclos. C’est ce qui protégeait Israël. Ne quittons pas des yeux, comme je vous l’ai dit au début, la scène de la guérison de l’aveugle-né. Il s’agit de la Loi. La clôture c’est la Loi. Et Jésus se propose comme le meilleur interprète de la Loi. Les pharisiens cherchent la mort de tous ceux qui ne vivent pas l’observance de la Loi. Ils font peser lourds les fardeaux sur le peuple pendant qu’ils ne sont pas en mesure de le remuer du doigt. Ils escaladent cette Loi (la clôture) par leur mauvaise interprétation. C’est un reproche aux pharisiens qui réduisent le peuple en esclavage. Jésus est lui la porte d’interprétation de la Loi qu’il ne vient pas abolir, mais accomplir. C’est ainsi qu’il parle de faux messies qui sont venus avant lui. Il faut se soumettre au contrôle du Père et donner le vrai sens de ce qu’il veut : «non pas les sacrifices et holocaustes, mais la miséricorde et la vie ». C’est seulement en ce moment que nous comprenons le sens que Jésus donne à « entrer et sortir paître librement ». C’est la vie sous la mouvance de l’Esprit Saint par la foi et non sous la contrainte de la loi ». Le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. La foi est la liberté plénière. Qui choisit le Christ vit dans le discernement spirituel et dans la liberté spirituelle. « J’ai encore des brebis qui ne sont pas de cet enclos, celles-là, j’irai aussi les chercher… » : Ceux de la diaspora et les païens, dont Paul aura le privilège de la Mission, « cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois, et des fils d’Israël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon Nom » (Ac 9, 15-16). Voilà, comment le Christ nous résume Lui-même les critères du bon pasteur comme nous venions de le détailler.

Avec «Jésus, la porte », nous retrouvons la parabole des synoptiques dont Jean viens de nous donner l’explication. La parabole de la « porte étroite » (Mt 7, 13 ; Lc 13, 24)). Et nous retrouvons aussi la réponse que Jésus donne à Thomas le soir de la cène et dont nous ferrons la lecture le dimanche prochain : « je suis le chemin, la vérité et la vie ».
Prions pour le Pape Benoît XVI, pour tous les curés, pour tous les prêtres, pour tous ceux qui ont la charge d’âmes (qui travaillent dans le champs pastoral). Prions pour tous les pères et toutes les mères de familles qui ont aussi à leur charge l’église domestique (selon l’expression de Jean Paul II).
Tout ce que nous venons de dire se résume dans le seul critère de l’amour que le pasteur a à avoir pour son Maître. Amour dont le Christ veut se rassurer, pour nous confier ses brebis comme nous le lisons dans Jn 21, 15-19 : « Simon fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Alors, pais mes brebis ».