24.3.08

homélie du Vendredi Saint

Vendredi saint : Is 52, 13- 53,12 ; Hé 4, 14-16 ;5,7-9 ; Jn 18,1-19,42)
Quel est le sens chrétien de la souffrance ?
Le salut ne nous atteint que quand la communion de Jésus nous est donnée. La passion de Jésus nous pose une question ? Celle du sens de la souffrance ? Y’a-t-il un sens chrétien de la souffrance ? Surtout quand celle-ci nous tombe de façon tout impromptue et innocente ? Je vous renvoie aux enseignements que nous avons eus pendant le carême à la préparation de pâques (cf. les béatitudes : conclusion, que vous trouverez aussi sur ce blog). Sachons cependant que la croix sans Jésus est insupportable, et en revanche, il n’y a pas de Jésus sans la croix.
La passion de jésus nous situe devant une triple relation de l’Église :
1. Avec le monde de la politique représentée ici par Pilate
2. Avec les autres religions marquées ici par la présence de Caïphe, Anne
3. Avec Elle-même dont les disciples sont les protagonistes (Pierre, Judas, Jean…)
« Mon royaume n’est pas de ce monde » que beaucoup ont confondu avec « dans ce monde » situe la relation entre l’Église et les États dans un sphère parfois d’incompréhension. Il n’est pourtant pas ici question de l’exercice du pouvoir, mais de son origine. Jésus ne tient pas son pouvoir de moyens humains. Son exercice par conséquent n’est pas non plus à la manière de ce monde. Une interprétation erronée de ce passage a fait croire à beaucoup que l’Église ne devrait s’occuper que de ce qui concerne la vie après la mort. C’est un conflit de tout le temps. Avec les autres religions, nous partageons le même sort, surtout là où le temporel et le spirituel sont distinctement établis.
La deuxième relation nous situe en plein dans les relations inter religieuses. Là aussi, depuis la passion de notre Seigneur (évocation faite de l’Église primitive) jusqu’à nos jours, l’histoire nous montre que la paix n’a pas été à portée de mains. Autant avec les religions présentent à cette époque que celles qui viendront après. Dieu soit loué que son Esprit n’a cessé de guider son Église. Grâce au Concile Vatican II, nous pouvons parler aujourd’hui d’une considération pluraliste de religions (Nostra aetate). Et l’Eglise œuvre pour la liberté religieuse et pour la liberté de religions à laquelle Elle a consacré une Déclaration (Dignitatis humanae) . Notre prières est que nous sachions regarder désormais dans la même direction pour la paix dans le monde. Que nous contribuons tous à alléger, tant soit peu, la souffrance de l’homme et lui procurions le salut.
La troisième relation est interne à l’Église. Nous avons été choisis par le Seigneur et avons accepté son appel, autant que Pierre, Judas, Jean… Mais nous sommes aussi les premiers, comme Judas, à le trahir, comme Pierre à le renier… Que de division au sein de l’Eglise ! Dieu merci que certains comme jean, Lui reste fidèles jusqu’aux pieds de la croix. Notre question aujourd’hui, la question de chacun de nous est d’évaluer son attitude devant la croix. Le reniement de Pierre est le rejet de sa solidarité avec Jésus et le reniement de sa qualité de disciple. Comme Pierre, mon reniement aujourd’hui signifie que je ne veux plus suivre les instructions de cet Homme. Je ne veux plus L’imiter. C’est ce qui se manifeste quand Pierre tire le glaive de son fourreau. Il refuse l’enseignement que Jésus venait de lui donner sur « aimez vos ennemis », et sur « comme je vous ai aimé, aimez-vous les uns les autres ». Comme Pierre, nous vivons dans la peur de nous faire connaître. Combien ont aujourd’hui le courage de se signer ne fût-ce que du signe de la croix en public ?
Prions pour nos croix, la croix de chacun de nous et surtout de ceux qui croupissent de différentes manières, surtout ceux dont la souffrance est dure à supporter : une maladie incurable, un chômage qui dure pendant qu’on a des enfants à charge ; un échec scolaire ; le manque des papiers malgré ses bonnes intentions ; l’âge qui pèse, victime d’une guerre injuste et imposée, la famine due peut-être à la sécheresse malgré l’envie de cultiver, décès d'un être cher... Que Le seigneur nous allège ces fardeaux.