6.4.08

2e dimanche de Pâques

Ac 2, 42-47 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31

Nous sommes en quête des éléments de reconnaissance du Christ ressuscité.
1. Nous sommes loin de vivre l’idéal qui nous est décrit dans la 1ère lecture. Même ceux qui cherchent à le réaliser à travers la vie religieuse ont du mal à y parvenir, tellement les contingences socioculturelles nous poursuivent partout. D’ailleurs, les premiers disciples eux-mêmes ont eu du mal, à ne voir que l’incident d’Ananie et de Saphire Ac 5,1ss). Mais l’idéal reste toujours l’idéal. C’est ce qui a poussé certaines Eglises locales à adopter l’ecclésiologie de communautés de base.
Les épreuves sont là pour vérifier la qualité de notre foi, nous dit saint Pierre dans la deuxième Lecture.
2. Pour mieux comprendre cet évangile, disons d’abord que les disciples, après les rumeurs de la résurrection, sont en quête des éléments de reconnaissance du Christ ressuscité. Il n’y aura pas de signes sans la foi. Sinon, même Pilate l’aurait vu. Il y a une nécessité d’une prédisposition de foi, d’où le souci du Christ pour tous ceux qui ont été avec lui. C’est ici que nous comprenons la réponse que reçoit Jude le soir de la cène à sa question : « pourquoi vas-tu te manifester à nous et non pas au monde ? » (Jn 14, 22).
Ces signes tournent autour des sens : le voir, l’entendre, le toucher. Pendant que le Christ veut nous amener au-delà du sensible. Pour comprendre l’expérience de foi de Thomas, voyons ce qui fait sa ressemblance et sa différence avec Marie-Madeleine : Elle est obnubilée. Ce ne sont pas les larmes qui larmoyaient ses yeux qui l’empêchaient de bien voir. Ce n’est pas un problème de reconnaissance. Nous avons toujours prêché et c’est vrai : Jésus ressuscité n’est plus le même. Il prend un visage de l’un de nous… c’est morbide chez elle (Marie-Madeleine). Elle veut le cadavre et rien d’autre. Elle veut le reprendre. C’est le souci du corps de Jésus. Nous avons une fixation excessive sur la corporéité, nous aussi, comme Marie-Madeleine. Jésus nous invite à faire un saut spirituel de femme à Marie – de si c’est toi qui l’a enlevé dit le moi… à Rabbouni (mon maître). Elle se retourne – même mot hébreu pour dire « se convertir ». C’est le metanoia grec. Pourquoi le Christ refuse à Marie Madeleine de le toucher et pourtant, il invite Thomas à le faire ? Encore une fixation à la corporéité. C’est quand je serai retourné vers le Père, tu me toucheras – où, quand, comment ? Sans doute à travers l’eucharistie. Dieu veut nous mener au-delà du sensible.
3. Pourquoi alors Thomas est permis de le toucher ? Thomas est apôtre. Un apôtre dans l'erreur entraîne toute l'Eglise. Il est appelé à aller dans la foi plus loin que les autres. Le contenu de ce qu’il dit, dépasse de loin tout ce que tous les autres dans St Jean ont dit : « Mon Dieu ». Il est le seul à le dire. Son acte de foi a dépassé ce qu’il a vu (comme pour Saint Jean pour les linges comme nous l’avions dit le dimanche passé). Tu as cru, bien sûr au delà. Eh oui ! Bienheureux ceux qui auront ainsi cru avec la plénitude de foi à la divinité du Christ, sans avoir eu ce support sensible d'avoir vu. Le Seigneur revient pour ma foi comme pour Thomas. Ce geste, il fait pour tout disciple comme nous le verrons le dimanche prochain pour les disciples d'Emmaüs.

Oui, que la paix soit avec vous ! La paix de la part de Dieu veut dire pardon des péchés. Ceux qui ont suivi les enseignements de carême sur les béatitudes que j’ai donnés s’en souviennent. Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu. C’est la prérogative du messie d’apporter la paix. Ce messie est fils de Dieu. Il ne peut y avoir la paix de Dieu sans conversion, sans rémission de péchés. Tes péchés te sont pardonnés, ensuite, va en paix dit le Seigneur (prends ton brancard et marche). C’est la formule que l’Eglise a retenue pour le sacrement de l’eucharistie ou encore de la réconciliation (que la paix soit avec vous - allez dans la paix du Christ). Nous pouvons ainsi comprendre quand le Seigneur envoie ses disciples en mission, il leur dit : "dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord, paix à cette maison" (Lc 10, 5). Pourquoi les mains et le côté et non les pieds (qui avaient aussi pourtant les plaies) ? Le côté ouvert où jailli l’eau et le sang : c'est là que se révèle le souffle d'eau vive.
Ce n’est pas le Christ qui change, mais c’est nous qui sommes appelés pour le voir. Le Christ ressuscité met en place pour eux, comme pour nous, progressivement la foi. Allons et proclamons qu’il est vivant, reconnaissons-le à travers les plaies de blessés de notre société et comme Thomas sachons dire, point ne sera encore besoin de le toucher : « Mon Seigneur et mon Dieu ».